Les dimensions et les fonctions de l'imaginaire dans la pensée Islamique chez Med Arkoun.
Texte Med Chebba.*
2) Imaginaire et idéologie .
Selon G.Balandier "le sacré est l'une des dimensions du champ politique "(1).Il existe donc une corrélation entre les différents composants de la stratégie politique ,ainsi Dieu (allah),les morts et les magiciens font partie du système politique de la même façon que les vivants parmi les hommes .Cela explique que les mouvements islamistes s'activent à mobiliser l'imaginaire religieux pour les combats qu'ils parent de sacralité .C'est pour cette raison qu'incombe aux historiens et aux sociologues de dévoiler les vérités occultées par les manipulateurs de l'imaginaire religieux.
Arkoun distingue ainsi la vérité scientifique de" la vérité psychosociale " que propagent les mouvements populistes par les mobilisations et l'endoctrinement . Et au sein des conflits que vivent actuellement les sociétés musulmanes , l'on observe que chaque groupuscule ou mouvement se retourne vers le passé glorieux, exhortant ses évènements et ses personnages profondément incrustés dans l'imaginaire du musulman,les suppliant de lui fournir l'aide et l'énergie indispensable pour motiver les masses et les diriger vers les objectifs qu'ils se sont assignés . C'est pourquoi nous observons une absence quasi-totale de la critique philosophique et scientifique qui s'amenuise devant la domination de l'idéologie de la lutte et du discours militantiste enflammé.Ce dernier confirme ,et de manière violente ,l'existence d'une forme de "cartésianisme" d'essence divine œuvrant de sa part à mouvoir l'histoire et à l'orienter. De même ces mouvements précités exploitent l'imaginaire collectif et œuvrent à le prêcher auprès du plus grand nombre possible de groupes sociaux . Pour cela ils se basent sur un un ensemble de médias ,dont nous citerons les prêches dans les mosquées ,les congrès publics ,les articles de presse,les revues et les discours officiels .
Ainsi les discours militantistes des mouvements dits islamistes ou intégristes oeuvrent assidûment à réinstaller "le grand modèle de Mèdine" ou "l'expérience de Mèdine" considéré comme une référence universelle indépassable .De même qu'ils usent de cette image symbolistique qu'on trouve dans le discours coranique et qui établit une contradiction absolue entre l'image du prophète,en tant que symbole de la et celle du pharaon ou du despote symbolisant l'injustice et la tyrannie.Khomeini a restitué ainsi cette symbolique coranique implantées profondément dans l'imaginaire collectif des musulmans ,lors de sa révolte contre le shah, et la même chose est opérée par les mouvements islamistes dans d'autres contrées musulmanes ,avec moins de succès.
Pour justifier sa légitimité,tout pouvoir oeuvre à instaurer une sorte de" théâtralisation politique "en nous faisant croire qu'elle produit une vérité que nulle autre ne peut transcender .C'est là le secret qui a poussé le pouvoir ,et depuis longtemps à se baser sur la religion ,afin de créer une autorité supérieure afin de couvrir sa propre autorité sur les plans politique et idéologique.D'où,selon Arkoun, l'obligation de faire unecritique philosophique et historique du concpt de l'autorité dans l'Islam,ce concept qui se base sur des trucages cinématographiques et théâtraux plus que sur la transcription fidèle et correcte des vérités fondamentales .Ainsi le discours sociologique prétend-il que c'est Dieu ou l'inspiration divine ( الو حي ) qui exerce le pouvoir,alors que la réalité dévoile que ce sont les acteurs sociaux ou les gouvernants effectifs qui exercent réellement ce pouvoir.Cette illusion s'est bien ancrée dans l'imaginaire fertile des populations musulmanes durants son histoire,et depuis que les fokkahas se sont engagés ,avec le début de l'état Ommeyade ,dans la légitimation du pouvoir politique . A ce propos Arkoun déclare :"la religion est dominante, mais elle ne gouverne nulle part "(2) néanmoins l'imaginaire islamique refuse que le gouvernement soit indépendant de la volonté de Dieu et de la révélation .Arkoun remarque que ce type d'imaginaire est indispensable dans l' évolution de la société et ses mécanismes de fonctionnement du pouvoir ,car "il il n'existe aucune société humaine qui effectuant son rôle ou son mécanisme de façon différente ,c'est à dire sans se construire un imaginaire quelconque. Même le système républicain a besoin d'imaginaire pour bien fonctionner"(3).A titre d'exemple, l'imaginaire républicain en France post-révolutionnaire n'est pas l'ancien imaginaire catholique et monarchique.D'où il ressort que l'imaginaire a son histroire propre reliée au degré de transformation et de développement de la société humaine.
*Mohammed Chebba est professeur de philosophie au lycée My Rachid à Mechra3 Belksiri.
(1)-l'anthropologie politique ,1ére édition 1986 p93.
(2) (محمد أركون ، العلمنة و الدين ص.30 )
(3) idem p.32).
-l'article est paru en arabe dans le journal "al ahdath almaghribia" du 06 Août 2010.
-Toute correction ou suggestion est la bienvenue.
-J'ai jugé nécessaire de commencer par la traduction de la deuxième partie ,au lieu de la première consacrée à l'étude du" lien entre l'imaginaire et la raison dans la culture musulmane", pour son intérêt à mon point de vue.
2) Imaginaire et idéologie .
Selon G.Balandier "le sacré est l'une des dimensions du champ politique "(1).Il existe donc une corrélation entre les différents composants de la stratégie politique ,ainsi Dieu (allah),les morts et les magiciens font partie du système politique de la même façon que les vivants parmi les hommes .Cela explique que les mouvements islamistes s'activent à mobiliser l'imaginaire religieux pour les combats qu'ils parent de sacralité .C'est pour cette raison qu'incombe aux historiens et aux sociologues de dévoiler les vérités occultées par les manipulateurs de l'imaginaire religieux.
Arkoun distingue ainsi la vérité scientifique de" la vérité psychosociale " que propagent les mouvements populistes par les mobilisations et l'endoctrinement . Et au sein des conflits que vivent actuellement les sociétés musulmanes , l'on observe que chaque groupuscule ou mouvement se retourne vers le passé glorieux, exhortant ses évènements et ses personnages profondément incrustés dans l'imaginaire du musulman,les suppliant de lui fournir l'aide et l'énergie indispensable pour motiver les masses et les diriger vers les objectifs qu'ils se sont assignés . C'est pourquoi nous observons une absence quasi-totale de la critique philosophique et scientifique qui s'amenuise devant la domination de l'idéologie de la lutte et du discours militantiste enflammé.Ce dernier confirme ,et de manière violente ,l'existence d'une forme de "cartésianisme" d'essence divine œuvrant de sa part à mouvoir l'histoire et à l'orienter. De même ces mouvements précités exploitent l'imaginaire collectif et œuvrent à le prêcher auprès du plus grand nombre possible de groupes sociaux . Pour cela ils se basent sur un un ensemble de médias ,dont nous citerons les prêches dans les mosquées ,les congrès publics ,les articles de presse,les revues et les discours officiels .
Ainsi les discours militantistes des mouvements dits islamistes ou intégristes oeuvrent assidûment à réinstaller "le grand modèle de Mèdine" ou "l'expérience de Mèdine" considéré comme une référence universelle indépassable .De même qu'ils usent de cette image symbolistique qu'on trouve dans le discours coranique et qui établit une contradiction absolue entre l'image du prophète,en tant que symbole de la et celle du pharaon ou du despote symbolisant l'injustice et la tyrannie.Khomeini a restitué ainsi cette symbolique coranique implantées profondément dans l'imaginaire collectif des musulmans ,lors de sa révolte contre le shah, et la même chose est opérée par les mouvements islamistes dans d'autres contrées musulmanes ,avec moins de succès.
Pour justifier sa légitimité,tout pouvoir oeuvre à instaurer une sorte de" théâtralisation politique "en nous faisant croire qu'elle produit une vérité que nulle autre ne peut transcender .C'est là le secret qui a poussé le pouvoir ,et depuis longtemps à se baser sur la religion ,afin de créer une autorité supérieure afin de couvrir sa propre autorité sur les plans politique et idéologique.D'où,selon Arkoun, l'obligation de faire unecritique philosophique et historique du concpt de l'autorité dans l'Islam,ce concept qui se base sur des trucages cinématographiques et théâtraux plus que sur la transcription fidèle et correcte des vérités fondamentales .Ainsi le discours sociologique prétend-il que c'est Dieu ou l'inspiration divine ( الو حي ) qui exerce le pouvoir,alors que la réalité dévoile que ce sont les acteurs sociaux ou les gouvernants effectifs qui exercent réellement ce pouvoir.Cette illusion s'est bien ancrée dans l'imaginaire fertile des populations musulmanes durants son histoire,et depuis que les fokkahas se sont engagés ,avec le début de l'état Ommeyade ,dans la légitimation du pouvoir politique . A ce propos Arkoun déclare :"la religion est dominante, mais elle ne gouverne nulle part "(2) néanmoins l'imaginaire islamique refuse que le gouvernement soit indépendant de la volonté de Dieu et de la révélation .Arkoun remarque que ce type d'imaginaire est indispensable dans l' évolution de la société et ses mécanismes de fonctionnement du pouvoir ,car "il il n'existe aucune société humaine qui effectuant son rôle ou son mécanisme de façon différente ,c'est à dire sans se construire un imaginaire quelconque. Même le système républicain a besoin d'imaginaire pour bien fonctionner"(3).A titre d'exemple, l'imaginaire républicain en France post-révolutionnaire n'est pas l'ancien imaginaire catholique et monarchique.D'où il ressort que l'imaginaire a son histroire propre reliée au degré de transformation et de développement de la société humaine.
*Mohammed Chebba est professeur de philosophie au lycée My Rachid à Mechra3 Belksiri.
(1)-l'anthropologie politique ,1ére édition 1986 p93.
(2) (محمد أركون ، العلمنة و الدين ص.30 )
(3) idem p.32).
-l'article est paru en arabe dans le journal "al ahdath almaghribia" du 06 Août 2010.
-Toute correction ou suggestion est la bienvenue.
-J'ai jugé nécessaire de commencer par la traduction de la deuxième partie ,au lieu de la première consacrée à l'étude du" lien entre l'imaginaire et la raison dans la culture musulmane", pour son intérêt à mon point de vue.
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