Moi la fille d'Ighzer !
Je suis la petite bonne ,venue d'ighzer
Mon père ,sous la misère,
Me plaça chez les autres,
Pour faire vivre mes soeurs.
Partie la nuit sans rien,
Dans les bagages d'un homme,
Venu chercher la bonne,
Au service de son maître!
Sur le seuil du logis,en barrant l'entrée,
Un mastodonte femelle, suivie de son bambin,
Me serra la menotte,se voulut très gentille,
Referma vite la porte et reprit sa grimace.
Depuis ce jour je veille,le dernier qui se couche,
Et vite réveillée à l'aube,à l'heure du laitier,
Pour rentrer les pots,sourire et le payer,
En sortant la poubelle,chauffer à madame sa douche.
Remettre le tablier,mettre l'eau bouillir,
Descendre pour le pain,sans oublier la menthe,
Et rentrer la poubelle vide,réveiller le bambin,
Lui changer ses couches vite, et terminer le thé.
Sortir le grand salon ,nettoyer les toilettes,
Cuisiner le repas,et savoureux et cher,
Alors que dans mon ksar,mes soeurs et pauvre mère,
Des fois volent aux fourmis, de quoi faire une galette.
Mes maîtres s'en balancent ,ils ont une petite fille,
Qu'on m'oblige à porter avec mon corps fragile,
Qui pèse plus que moi, à la moitié de mon âge,
me harcèle du talon ,comme un ânon docile
Surtout me dit madame,ne te hasarde pas,
A lui faire un câlin,ta race ne connait pas,
Ce qu'est la tendresse,réjouis toi de porter,
Lallak maria diali ,et fais la moi sauter!
Ne pas salir sa robe avec mes guenilles,
Sinon c'est le fouet,sur mes parties intimes.
Y a même qui y sont brûlées,pour un peu de lentilles,
Volées pour calmer leur faim,ou bien quelques centimes!
Peut-être un jour de décembre, me trouvera-elle gelée,
Mendiant mon pain noir, au premier des passants,
Pourquoi aurait-elle cette veine,d'être si potelée,
Quand moi je serais morte de faim ou de froid trépassant?
Est-elle plus marocaine , est-elle plus musulmane,
Que moi la pauvre fille,issue de nulle part?
Qu'a t-elle donc de plus,sous le rouge étendard,
Pour vivre bien sa vie pendant que je me fane?
De quelle loi s'agit-il ? quel décret prescrit,
Que cette fille de riche sur cette pauvre terre,
A plus de place qu'Itto,Titrite et Tufitri,
Ayant payé son prix ,du pur sang de leurs pères?
A plus de place qu'Itto,Titrite et Tufitri,
Ayant payé son prix ,du pur sang de leurs pères?
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