Le mouvement 20 fèvrier : La réalité et les défis .
Après trois mois de sorties sporadiques dans les autres villes du pays ,une coordination du mouvement du 20 février a vu enfin le jour durant le mois de mai mourant .C’est alors que pour la première fois une manifestation a sillonné les rues sous la bannière fédératrice du mouvement ,rassemblant des associations locales et des activistes qui y ont participé à titre individuel .La présence n’était pas nombreuse mais au moins le mouvement est arrivé à briser le mur du silence et des étiquettes derrière lesquels se cloîtraient les militants des différents partis et associations portant un projet de société évoluée désirant rompre avec le passé et les pratiques peu démocratiques qui prévalent dans le paysage politique marocains dont la situation locale n’est qu’une copie conforme .Après la première réunion préparative de la sortie du 22 mais et qui n’a pas vu de débordements de la part des forces de police demeurées invisibles officiellement ,les tentatives de réunir la coordination se sont soldées par l’échec.Les essais d’explication de ce désistement de la part de plusieurs personnes qui ont assisté à la première réunion et qui se sont éclipsées par la suite,versent toutes dans le même sens ,à savoir que la violence de la répression dans d’autres villes aurait donné à réfléchir à plus d’un .
Ce qui est vrai cependant c’est que la constitution de cette coordination hétéroclite de nature s’est passée dans une conjoncture qui ne donnait pas de temps à la réflexion ,ni au mûrissement de l’idée en elle-même .De plus la scène locale ,du côté des partis politiques ne donnait pas non plus d’alternatives crédibles ,du moment que certains partis sont visés directement par la contestation du mouvement ,quant aux autres ils ne se sentaient pas localement concernés et ont négligé de marquer leur présence lors de la réunion à laquelle ils ont pourtant été conviés à l’avance .Tandis que du côté des syndicats tout le monde s’accorde que la stratégie du pouvoir de les neutraliser par l’augmentation des salaires de 20 malheureux dirhams par jour a donné pleinement ses fruits ,comme l’a démontré leur absence le jour du 1 er Mai.
Dans ce climat de goujaterie et de marchandages de toutes sortes il était fort délicat de rassembler dans une petite localité, sans un véritable travail de fond des hommes et des femmes capables d’affronter l’inconnu et de défiler dans la rue publique .L’autre facteur auquel se sont heurtés les organisateurs et qui découle du premier est que le groupe des chômeurs diplômés étant majoritaire dans cette coordination par défaut d’autres structures capables d’en assumer l’organisation ,beaucoup de personnes ont cru qu’ils s’agissait ce 22 là d’une des nombreuses sorties des diplômés et ne se sont pas joints à la cause ,pour plusieurs considérations ,dont parmi d’autres plus avouables celle de se faire prendre pour le chômeur qu’on n’est pas obligatoirement ,ce qui demeure dans la mentalité tiers-mondesque un sujet de discrédit social .Dans ces conditions donc il était logique que la vague du 20 février soit venue s’échouer sur un banc de sable ,du moment que le climat de tension qui prévaut annonce un changement stratégique de la part du pouvoir dans sa relation avec les protestataires ,malgré l’insistance de ces derniers sur la pacifité de leurs revendications se résumant autour de trois vocables représentant un dénominateur commun pour les différentes composantes à savoir la liberté ,la justice et l’égalité sociale .La fuite en avant du gouvernement par l’usage de la force au lieu d’engager les réformes nécessaires à une bonne marche des institutions pourrait-elle briser l’élan de la contestation ou bien cela ne fera-t-il qu’à mettre le feu aux poudres et entraîner des contre offensives qui risquent de ne plus demeurer pacifiques ? là est la question .
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