Projection du film "Algérie :la grande manip." par Tilelli à Tizi N'Imnayen .


Il s’agit du film documentaire intitulé "Algérie : la grande manip", réalisé par Jean-Baptiste Rivoire et Michel Despratx, diffusé par Canal +.

Avant la projection M.Mbarek Taws ,membre du bureau de l'association a présenté le film et une large autobiographie sur le chanteur assassiné .

Lounès Matoub, plus communément appelé Matoub Lounès, est un chanteur et poète kabyle, engagé dans la revendication identitaire berbère. Il est né à Taourirt Moussa Ouamar le 24 janvier 1956, en Kabylie, Algérie. Il meurt le 25 juin 1998, assassiné sur la route de Ait Douala. Officiellement, cet assassinat est attribué au GIA. Mais le pouvoir algérien est accusé, notamment par sa famille de l'avoir assassiné.

Matoub acquiert un statut de martyr pour les régionalistes et militants kabyles, qui estiment que leurs droits sont bafoués. A l'âge de neuf ans, il fabrique sa première guitare à partir d'un bidon d'huile de moteur vide, et compose ses premières chansons durant l'adolescence.Sa prise de conscience identitaire et culturelle débute à la confrontation armée entre les Kabyles et les forces gouvernementales en 1963-1964.

En 1968, le gouvernement algérien introduit une politique d'arabisation dans le système éducatif au détriment du berbère. Matoub réagit en n'allant pas à l'école. Finalement, il quitte le système éducatif et devient autodidacte. En 1978, il émigre en France à la recherche de travail. Arrivé en JustifierFrance, Matoub Lounès anime plusieurs soirées dans des cafés parisiens fréquentés par la communauté kabyle. C'est là qu'il se fait remarquer par le chanteur Idir qui l'aide à enregistrer son premier album, Ay Izem, qui remporte un vif succès.

Opposé à l'islamisme et au terrorisme islamiste, il condamne l'assassinat d'intellectuels. Il fut enlevé le 25 septembre 1994 par le GIA (Groupe Islamique Armée), puis libéré au terme d'une mobilisation de l'opinion publique de la communauté kabyle. La même année, il publie un ouvrage autobiographique, "Rebelle", et reçoit le Prix de la mémoire des mains de Danielle Mitterrand.

Le 25 juin 1998, il est assassiné sur la route menant de Tizi Ouzou à At Douala en Kabylie à quelques kilomètres de son village natal (Taourirt Moussa). Les conditions de ce meurtre n'ont jamais été élucidées. Les funérailles du chanteur drainèrent des centaines de milliers de personnes, tandis que toute la région connut plusieurs semaines d'émeutes.

Le 30 juin 1998, le GIA revendique son assassinat.

Le film en questions.
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Le film ,un court métrage,projeté aujourd'hui est d'une durée de 30 minutes réalisé par une équipe de télévision française "Canal Plus". Il montre des témoignages des habitants du village de Kabylie .Des scènes aussi de soulèvement populaire après l'assassinat de Maatoub sur une musique de fond ses chansons les plus célèbres.

La thèse qui parcourt le film demeure le démenti total de la version officielle affirmant que le chanteur Kabyle aurait été assassiné par Le GIA algérien . Au début le reporter annonce que cette thèse était la plus communément répandue ,mais il ajoute que le peuple algérien lui sait que c'est bien le pouvoir qui l'aurait tué .Et quand on dit le pouvoir il faut comprendre la junte militaire qui gouverne réellement le pays .

Tous les témoins qui avaient le courage de parler ,et ils sont peu nombreux désignent les militaires comme étant les exécutants directs de ce crime ou du moins d'en être les commanditaires .Un témoin annonçait devant la caméra sous couvert de l'anonymat et avec une voix synthétisée et brouillée, qu'il connaissait bien les combattants du GIA et que si c'étaient eux il en aurait reconnu au moins deux ou trois .C'était le seul témoin oculaire qui ait accepté de parler .

La sœur même de Maatoub ,Malika savait bien que c'étaient les militaires mais elle aurait été induite en erreur par un certain Nourreddine ait Hamouda député RCD qui aurait été utilisé par le pouvoir pour divulguer la thèse du GIA . La sœur déclare par la suite que c'est les militaires qui ont tué son frère mais qu'elle avait peur de dire la vérité par peur des représailles .D'autres séquences du film montraient la route empruntée Par Lounis le jour de son assassinat et l'on a pu remarquer de repérages effectués par les militaires pour ajuster leur tir .Les habitants auraient remarqué effectivement un soit-disant fou qui errait dans cette zone et auraient alerté les autorités . Sa propre mère rapporte dans un témoignage poignant que les gendarmes avaient établi un couvre feu ce jour là et interdit à toute personne de circuler .Un autre témoin raconte comment l'on avait interdit aux véhicules de prendre la route d' ait Douala, à l'exception ,suspecte,de celui de Maatoub .

Une fois la thèse de l'assassinat par le pouvoir installée le film ,réalisé parfois avec des caméras cachées pour certaine prises de vues délicates ,essayait de poser la question du mobile du meurtre .A savoir la réponse à la question pourquoi l' Etat algérien aurait assassiné le grand chanteur Kabyle. Alors des explications sont recueillies soigneusement par les reporters pour apporter des éléments de réponse plausibles.

Un témoin militaire même avance que les généraux algériens voulaient à travers cet assassinat envoyer un message à Lyamine Zeroual ,alors président de la république .Un autre, civile cette fois, rappela que des centaines d'assassinats de civils ont été perpétrés par le pouvoir dans le même objectif, à savoir exercer une pression forte sur le président pour le destituer du pouvoir.

Finalement le film avait pour objectif déclaré de faire valoir la thèse de la responsabilité directe du pouvoir algérien dans cette affaire. Pour cela il a tenté de démanteler la thèse adverse à travers des témoignages vivants pas toujours faciles à collecter . Il a montré aussi le rôle joué par les imazighens du pouvoir algérien, en l'occurrence Nourredine ait hammouda du RCD pour tromper les kabyles ,c'est pour cela que le film porte ce titre révélateur et bien inspiré "la grande manip."

Commentaire composite :
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Reste à savoir maintenant pourquoi une équipe de télévision ,française exactement , a choisi de travailler pour présenter la thèse de l'implication du pouvoir des généraux dans cet assassinat. Le film ne reprendrait-il pas le rôle que détenait l'évènement lui même à l'époque du drame et ne serait-il pas devenu un épouvantail pour réveiller certaines réactions?

Admettons que le timing de la projection à Goulmima ,Tizi Ouzou marocain, est dicté par l'anniversaire de cet assassinat et l'assiduité louable de l'association Tilelli à tenir allumé le flambeau du martyr symbolique de la cause, mais ne pourrait-il y avoir une raison derrière la production de ce documentaire qui veut convaincre le spectateur ,en trente minutes, que c'est le pouvoir et non le GIA qui aurait commis le crime ? Et si la grande manipulation n était pas celle qu'on croit, dans une figure de mise en abîme incessante ?

L'un des intervenants à posé la question pourquoi se centrer sur maatoub et non pas sur abdelkrim "qui est des nôtres" dit-il. Heureusement qu'un autre intervenant, plus alerte , a vite corrigé ce lapsus et rappelé que Tamazgha est une et indivisible. un autre a franchi le pas et a fait un parallèle, attendu bien entendu, avec l'assassinat d'Abbas messaadi par les milices du parti de l'Istiqlal, mais là aussi est-on vraiment sûr, ou s'agirait-il d'une autre grande manip? Finalement tout l'intérêt de ce film est justement d'amener à se poser des questions...(lesquelles sus-poser ?) ,en attendant une autre équipe de Canal Plus pour y répondre en trente minutes chrono! Qui est finalement manipulé et par qui ? That is the question !!

-Un grand Ayyuz à l' éternel rebelle ,ainsi qu'à l'association Tilelli pour les efforts soutenus sur la voie des grands militants amazighs.

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