Le problème de la base ou la base du problème

Le ministère de l'enseignement pourrait-il répondre à la question de savoir la raison pour laquelle les exemplaires de la charte n'ont pas été généralisés et mis à la disposition de tous les intervenants dans ce domaine?Pourquoi s'est-on donc limité à mettre dans le secret des dieux seulement les services d'encadrement pédagogique et avoir omis les enseignants,fer de lance du système qui sont directement sur le front pédagogique? N'est-ce pas en effet une guerre que nous menons tous contre l'ignorance et l'analphabétisme,chacun selon son niveau de responsabilité?Qui oserait encore nier aujourd'hui que se sont les enseignants qui sont mis à l'index chaque fois qu'il s'agit de présenter le bouc-émissaire idéal sur l'autel de la baisse du niveau scolaire? Alors pourquoi ne sont-ce pas eux qui sont consultés directement ? Ou bien préfère-t-on ne leur offrir qu'un ersatz de cette charte sous forme d'un" projet de document sur l'organisation de l'année scolaire",sans aucune référence à l'exception de la liste des auteurs,forcément inconnus du grand public?

Je pense que tant qu'on continuera à vouloir décréter l'apprentissage,à partir des bureaux soyeux,au lieu de travailler en profondeur en commençant par le bas ,toute réforme entreprise ne sera qu'un simulacre né dans l'esprit de gens qui ont encore certainement beaucoup de choses à ...apprendre. L'apprentissage ne se décrète pas comme le dit si bien Philippe Meirieu et si nous voulons obtenir un résultat concret,nous devons ,bien sûr ,commencer par débattre de la finalité de l'enseignement;mais aussi prendre le taureau par les cornes et écouter les praticiens du domaine.Tout le monde ,diriez-vous n'a pas grand chose de pertinent à dire et quand il s'agit de théoriser les expériences acquises, l'on se heurte incontournablement à des lieux-communs réitérés sans relâche par les professionnels,si ce n'est parfois à des inepties pures et simples.Mais qu'avez-vous donc fait pour que l'acte d'enseigner puisse passer,chez ces gens ,que vous jugez ignares,de l'acte végétatif à l'acte conscient et réfléchi,susceptible d'être théorisé et enrichi par le savoir-faire des autres et capable à son tour de contribuer à enrichir incessamment la pratique didactique?

Dans les centres de formation pédagogiques à tous les niveaux les "apprentis sorciers" à savoir les futurs enseignants sont pris en charge par des pédagogues sans pédagogie car,pour la majorité leurs connaissances ne sont nullement basées sur aucune pratique tangible mûrie par une longue et patiente réflexion,mais seulement sur un savoir livresque(lieberstellung) et ne constitue qu'un vernis pédagogique pour la consommation locale devant un public de non-initiés.
Les centres de formation des instituteurs,auxquels normalement devraient être réservés les meilleurs pédagogues et le meilleurs encadreursafin de produire des praticiens éclairés à la base de l'édifice de l'enseignement sont malheureusementouverts à des personnes,qui ,généralement n'ont d'autres compétences que le nombre d'années passé dans la carrière d'instituteur même,ou encore leurs relations partisanes et autres avec un centre de décision quelconque.Comment oser donc compter sur un enseignement performant si la base même de cet édifice est en terre meuble?
Dés que la gangrène a commencé dans ce corps anémié de l'enseignement,comme dirait le docteur Harouchi,les virus n'ont fait que se multiplier et à engendrer des espèces virales de plus en plus récessives.C'est ainsi que les premières promotions de bacheliers à peines alphabétisés ont "contaminé" plusieurs générations de leurs élèves qui se sont ensuite disséminés à travers des services stratégiques du pays,dont bien sûr l'enseignement et c'est ainsi qu'est née et s'est multipliée la chaîne de la médiocrité.Et dans un bouillon de culture favorable ,cela adonné naissance au monstre hybryde de l'incapacité et de l'incompétence dont la baisse du niveau scolaire n'est que la partie émergée de l'iceberg.Le germe a pris racine et ce ne sont pas les quelques timides injections de réformes rapiècées importées d'outre-mer qui en viendront à bout.
Réformer l'enseignement devrait,à mon sens, être mené en parallèle avec une réforme patente du projet de société.Et tant que que nous ne savons pas quel genre de société devra être le nôtre pour le siècle à venir il est pratiquement vain de perdre du temps et des ressources faramineuses à vouloir faire avancer une monture dont nous ne faisons que darder le bât.Si vraiment nous estimons qu'il est de notre devoir de prendre le train de la modernité en marche ,alors il faut faire vite ,avant que plusieurs waggons ne n ous séparent irremédiablement de la motrice.Mais pour cela il faudrait savoir que nous rendrions indirectement un immense service à notre enseignement en agissant sur bien des domaines apparemment sans relation avec la pédagogie ni la didactique.Bien sûr le savoir ,dit-on ,serait perdu s'il n' y avait pas les fils des pauvres,mais il ne faudrait point pour autant employer cet adage désuet pour soutenir qu'il faudrait de plus en plus de pauvres pour augmenter le nombre de savants de par le monde.C'est là une absurdité que n'importe quel ignorant mettrait rapidement en évidence.
L'aisance n'est pas la richesse! Alors que l'élève marocain ne manque d'abord de rien de ce qui est jugé, par consensus indispensable à une vie déscente,au lieu de profiter de la sobriété camélienne des démunis pour décréter que cet "indispensable" se limite à un sac de farine noire vermigène,à un pin de sucre fade et à un paquet de thé sans saveur ,malgré toutes les publicités mensongères.
Notre pays ne peut continuer encore longtemps à faire sienne la politique de l'épicier dont la devanture est éblouissante,éclairée au néon étincellant ,mais dont l'arrière-boutique est infestée de rats et de détritus en tous genres.La diversité des régions et des idiomes devrait être considérée comme un facteur progressiste et non comme une partie honteuse de soi qu'on n'ose montrer que rythmée de mouvements synchrones, suivant une musique qu'on ne considère comme intéressante que si les étrangers la jugent comme telle.Et si vraiment l'on ne peut se démarquer de la tendance libérale qui pivilègie les devantures et les néons ,alors que tout le pays profite à mesures égales des produits que nous commercialisons.Personne à mon avis n'a le droit de se considérer plus marocain qu'un autre sous quel prétexte que ce soit.Nous sommes tous dans la même galère,alors nous serons tous sauvés grâce à l'effort de tous,sinon nous redeviendrons les esclaves de ceux qui ,à travers les décennies de colonisations passées n'ont fait qu'éprouver de loin nos capacités et qui n'hésiteront pas à nous remettre les boulets aux chevilles,une fois qu'ils jugeront que l'aliènation psychologique et culturelle ne suffisent plus à garantir leurs intérêts.Il n'est pas encore trop tard ,non pas pour être parmi les leaders,seul un peuple débile ou attardé mentalement pourrait encore se hasarder à en rêver par les temps qui courent,mais pour être dans la file de ceux qui arrivent à déchiffrer les hièroglyphes du progrés sans trop y perdre notre âme ni notre identité.%

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'école coranique

Un nouveau rond-point d'interrogation ...

Compte rendu de la réunion du forum marocain pour la vérité et la justice(section de Goulmima).