Le questionnaire des oeuvres sociales en question


Le ministère de l'enseignement a surpris les enseignants par un formulaire, issu de l'institution Med VI des œuvres sociales concernant leur santé psychique . Un questionnaire à remplir comprenant un total de quatre pages dont la première concerne la situation sociale, la seconde la situation professionnelle , la troisième porte sur la santé générale et un test sur le degré de stress, alors que la dernière page porte sur le "burnout" ou les degrés de "brûlage" d'énergie et comprend trois sous catégories :A) la sensation de lassitude ,B) le niveau d'altruisme et C) les exploits individuels .

Il faut reconnaître qu'il y a déjà très longtemps qu'on attendait que les œuvres sociales s'occupent un peu de l'aspect psychologique de la vie de l'enseignant, qui est amené à travailler dans des conditions stressantes .Le nombre de névropathes ,de psychopathes et de tous les maux (mots ) en pattes est en recrudescence exponentielle depuis toujours . Pour s'en rendre compte sans avoir besoin de statistiques il suffit de mesurer le degré de stress de chacun d'entre nous dans sa maison, à cause de ses enfants et multiplier . De lire les journaux et de boire un café avec l'un d'entre les souffrants (que vous payerez pour les besoins de l'enquête!).

L'on dira qu'en classe les enfants sont plus sages et qu'il y a une autorité morale qui les maintient doux comme des agneaux ,répondant gentiment aux questions du prof, alors que même à la maison ,en présence des parents ,qui ont le droit , eux, d'intervenir de manière brutale s'il le faut, les enfants deviennent des diablotins déchaînés ,que dire alors de la classe ,surtout au primaire ?

Dans ces conditions l'on peut ressentir combien il urge de prêter une oreille attentive aux complaintes des enseignants qui rendent un service inégalé à la société ,en gardant pour une grande partie de la journée ses enfants les plus turbulents dans leur âge bête ,l'adolescence ,sans oublier qu'ils leur enseignent des connaissances introuvables ailleurs de manière aussi organisée et aussi humaine .Et pour que l'école ne soit pas seulement un lieu de gardiennage comme c'est la tendance actuellement avec la surcharge des classes ,il faut en réduire l'effectif et veiller à ce que ce pauvre enseignant, devenu le bouc émissaire de tous les maux de la société ,jusqu'à être fustigé sur la Une des journaux ,puisse jouir d'une bonne santé physique et morale lui permettant de porter le fardeau sysiphien qui lui incombe .

En fait le questionnaire dont il est question , pour revenir à nos moutons (!), comprend des défauts formels .En premier lieu , il est indiqué clairement que l'administration garantit le secret des informations déclarées , mais rien ne le prouve , surtout que le formulaire n'est pas fourni dans une enveloppe, comme c'est le cas des propositions d'examen par exemple portant la mention "confidentiel", il est remis "nu" au secrétariat ce qui ne le met pas hors des regards indiscrets . Ensuite l'on observe que la formulation de certaines question , ou plutôt leur traduction n'est pas très précise comme le montre la question no 6 de la deuxième page qui demande عدد الطلاب المدرسين(المتوسط الحالي où l'on se demande s'il s'agit de du nombre moyen par classe ou le nombre moyen du total des élèves d'un même enseignant.

De plus le questionnaire porte seulement sur l'année précédente et non sur l'ensemble de l'itinéraire professionnel de l'enseignant, ce qui ne permet pas d'avoir une idée claire de la situation quand bien même la personnes soumise à ce questionnaire fait preuve de bonne volonté et répond franchement aux questions . On peut dire à propos que là est vraiment la question,car avec l'esprit de défiance qui prévaut dans les rangs enseignants vis à vis des circulaires provenant des hautes sphères, il n'est pas rare que beaucoup vont biaiser et slalomer entre les questions selon des critères où se mélangeront des peurs ataviques qui viendront augmenter le stress des fonctionnaires,telles que la peur de perdre son emploi, selon des décisions occultes ,faites par des psychiatres dans leurs bureaux en se basant sur les réponses données.Malgré que c'est les œuvres sociales ,on n'est jamais sûr de rien !

Alors chacun s'est comporté différemment avec ce formulaire,certains l'on traité illico de formulaire de la folie ,sans préciser le ou les fous ,d'autres se sont mis en groupe pour le remplir afin de choisir les meilleures réponses et "copier" sur le voisin, malgré les conditions diamétralement différentes. D'autres encore sont allés demander conseil aux membres de l'administration , pour renifler l'existence ou non de "pièges " derrière ce questionnaire et pouvoir en anticiper les méfaits supposés. Tout cela alors qu'un simple éclaircissement des objectifs attendus de cette initiative aurait suffi à éteindre cette appréhension et aurait contribué à rassurer les concernés ,qui pourraient ainsi se confesser en toute quiétude ,sans peur des conséquences illusoires .

Certaines questions ,notamment celles qui concernent l'activité professionnelle sont celles qui risquent de contenir le plus grand nombre des réponses "adaptées " et qui n'ont rien à voir avec la réalité ,de peur des sanctions administratives , dans le cas où les renseignements fournis seraient transmis aux bureaux concernés du ministère. Ainsi ceux qui font des heures supplémentaires rémunérées ne sont pas fous pour l'avouer noir sur blanc , se mettant d'eux-même sous le couperet de la loi , vu l'illégalité de cette activité.L'absence d'émargement du formulaire ne lui enlève pas son authenticité ,du moment qu'y figure le numéro mécanographique (SOM), qui est strictement individuel .De manière générale les organisateurs de cette initiative vont sûrement récolter des réponses "travaillées ",au sens arabe du terme ,ou ce que les spécialistes appellent un comportement de façade. Du moment que la confiance est la qualité la moins partagée entre les différents protagonistes .

Pour éviter ce comportement des précautions auraient du être prises de la part de cette institution, qui veut commencer à jouer au psychiatre et c'est là la moindre des choses de la part des praticiens que de mettre d' abord leurs sujets (c'est le cas de le dire !) en confiance .Souhaitons enfin que les résultats de cette enquête soient exploités pour le mieux ,malgré ses tares, et qu'elle contribue à mieux appréhender les conditions affectives effectives de ces esclaves modernes , qu'on a toujours voulu performants et sans ruades dans les brancards !

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