Enseignement: Quand la fin ne justifie plus les moyens!
Dans un élan somme toute louable malgré son timing discutable en fin d'année le ministère de l'éducation a émis une circulaire appelant à l'organisation de réunions dans les différents établissements à tous les niveaux.L'objectif déclaré de ces réunions est resté flou .Certains disaient qu'il s'agirait de la discussion et de l'adoption des projets d'établissement respectifs,d'autres parlaient de journées de formation continue.
Au niveau du lycée MedV l'administration,prétextant l'urgence de cette réunion (!) a commencé par convoquer les enseignants à une rencontre hâtive ,mal préparée et sans aucun ordre du jour prévue pour samedi 24/4//09.
Une fois rassemblés les enseignants ont découvert qu'ils n'avaient pas été informés de l'ordre du jour et qu'en plus ils ne pouvaient discuter de choses qu'ils ignoraient.Des voix raisonnables ont alors suggéré que des imprimés informatifs ou à défaut des CD soient distribués dans le but de tenir les concernés au courant de ce qu'ils allaient discuter.cette deuxième alternative a été retenue en raison de son faible coût relatif et rendez-vous fut donc pris pour samedi 29 /4/09 à 16 heures pour discuter le sujet.
Au jour indiqué les professeurs sont venus au réfectoire de l'internat où devait se tenir la réunion dans l'odeur de la sauce des précédentes réformes jamais évaluées précédemment.Quatre atelier ont été formés mais à la grande surprise il n'était nullement question de déterminer un projet d'établissement en bonne et due forme tel qu'il est communément défini malgré les nuances des différents courants pédagogiques.Ainsi dans l'atelier no 2 dont je faisais partie il s'agissait de remâcher des sujets déjà moult fois ressassés tels que la présentation de suggestions susceptibles d'améliorer le rendement des différents conseils qui ,soit disant,représentent le fer de lance de la nouvelle gestion collégiale des établissements scolaires.
Les enseignants qui participaient à cette demi-journée d'étude ont vite senti le caractère absurde d'une telle réunion ,du moment que ces sujets ont été discutés et commentés par les coordinateurs des différentes disciplines lors des conseils d'enseignement chaque année.Rien à faire! Il fallait encore remplir des feuilles et les envoyer à Rabat pour dire que nous avons réfléchi comme il se devait au devenir de notre enseignement et que les enseignants sont toujours mis dans le secret des décideurs.La séance n'a pas duré plus d'une heure ,un travail bâclé et pour cause!Mais en fait qu'est ce qui va changer réellement dans la pratique de tous les jours ?
Depuis des décennies notre enseignement a été mis aux mains de personnes qui ont vite fait de brouiller les cartes pour que personne,même nanti d'une volonté de fer, ne puisse en démêler les indénouables enchevêtrements.Ainsi au lieu d'être traité comme un secteur primordial de priorité nationale ,les différents ministres partisans qui se sont succédé aux rênes de ce ministère l'ont transformé en chasse gardée pour les militants du parti ,si bien que les couleurs de l'arc-en-ciel politique ont transformé ce secteur en un tableau bizarroïde dans lequel les responsabilités sont octroyées non pas par ordre de mérite, mais selon le degré de fidélité partisane et la capacité inimitable d'appliquer sans discuter les recommandations dictées par les dirigeants.
Maintenant que nous sommes arrivés au fond du gouffre et que toutes les statistiques ,même les plus optimistes ne peuvent plus occulter la dure réalité,maintenant seulement que nos élèves arrivent au baccalauréat à peine alphabétisés,voilà que les responsables ,qui sont vraiment responsables de cette déchéance ,décident de jeter la balle dans le camp des praticiens que sont les enseignants pour donner l'impression que ceux-ci ont toujours été consultés,la preuve! Et que la responsabilité de l'echec constaté est somme toute partagée par tous les intervenants dans ce domaine.
Il est une chose qu'il serait idiot de dire dans des pays jouissant d'une véritable tradition de concertation démocratique,c'est que la démocratie est d'abord une éducation et qu'on ne peut nullement se prévaloir de cette qualité s'il demeure en nous une once d'esprit dictatorial qui préfère se cacher derrière des mesures pseudo-égalitaires pour mieux cacher son aspect directorial.Par contre sous nos latitudes personne n'est plus dupe ,que ce soit dans l'enseignement ou ailleurs.Nous mêmes les enseignants,à moins d'un effort personnel de certains d'entre nous ,qui arrivent à garder encore la tête hors de l'eau ,une grande majorité est immergée sous les flots de l'ignorance de ce qui se pratique sous d'autres cieux dans les champs fertiles de la didactique.A moins ,comme l'ont avancé certaines mauvaises langues,que ces réunions qui arrivent ,contre toute logique en fin d'année scolaire ,mais à point nommé pour les politicards qui sont à environ un mois des élections communales;à moins donc que ce ne soit un clin d'oeil électoral à la masse élective des" hommes saignants",auxquels on tend la carotte de la concertation juste avant le bâton des décisions draconiennes et humiliantes qui ne cesseront pas de pleuvoir sur leurs têtes dégarnies par les irritations cutanées des craies de mauvaise qualité.
Aziz.
Commentaires
Il n'ya pas d'autres choix que de continuer a se battre. On ne peut dire à nos enfants que nous avons abandonné la bataille.
Mo