A propos du mouvement du 20 Février, par Meriem Ait Belhoucin

   J'ai suivi avec énormément d'intérêt et d'étonnement les derniers évènements, les appels et l'enrôlement ostentatoire des jeunes à se manifester le 20 février .La cause de mon intérêt est naturellement les conséquences de cette manifestation pacifique dans la conjoncture mondiale actuelle qui ouvre le chemin à diverses interprétations de la part de la société marocaine et internationale. Quant à mon  étonnement ,il est dû aux opinions qui étaient complètement divergentes, la première contradiction étant celle des appartenances politiques et sociales déclarées des organisateurs où l'on trouve des gauchistes  radicaux croyant en la liberté absolue de l'individu ,sans aucune entrave de nature religieuse ni sociale ;tandis que d'autres sont issus de courants islamistes extrémistes célèbres par leurs changement de "fatwa" et d'interprétation, selon la conjoncture et selon les intérêts politiques de leurs leaders .
Ce qui ne diffère pas beaucoup des positions de la majorité des organismes politiques ,et même sociaux du pays ,les slogans ne servant qu'à être claironnés dans les meetings des jeunesses respectives, auxquelles les responsables desdits partis n'assistent qu'à contrecœur pour prendre des photos pendant le dîner . Quant aux organisations sociales elles sont célèbres par leurs pleurnichements apparaissant subitement lors des symposiums internationaux qui représentent pour ces associations une occasion en or pour collecter les subventions et les aides ... Ces dons servant ensuite à acquérir des voitures luxueuses à leurs responsables et à renflouer leurs comptes bancaires uniquement, tandis que les jeunes chômeurs travaillent bénévolement, ou contre une compensation dérisoire. S'agissant de la cause ou des souffrances dont ils se plaignaient elles sont reléguées aux oubliettes et ne seront évoquées qu'au prochain congrès ou bien lors de la visite d'un mécène.
 
Mon étonnement le plus grand est provoqué en réalité par les jeunes contestataires. Le côté anecdotique de la chose réside dans le fait qu'une large majorité des jeunes persuadés de crier pour la démocratie dans ces manifestations ne sont pas allés voter lors des dernières élections. Le lus étonnant encore est que notre jeunesse, même la plus cultivée, est dans l'ignorance totale de nos institutions nationales, des mécanismes de la démocratie et du respect des droits de l'Homme ainsi que la manière de les opérationnaliser dans la société. Ce qui nous incite à nous interroger sur le rôle de l'école et de ce que nous apprenons durant des années passée dans les écoles et les universités ,qui ne nous permet même pas de défendre nos droits dans notre chère patrie . Car si la démocratie était vraiment leur objectif, il aurait été plus idoine avant de se manifester d'inaugurer une campagne nationale dans les mass-médias et les universités en vue de faire connaître les institutions, pour lesquelles nous avons lutté, peuple et roi, ensemble pour les édifier et les concrétiser.
Cependant je reconnais que le plus étrange est la manière dont les organisateurs, nonobstant leurs diverses obédiences, sont arrivés à persuader les jeunes de manifester. Là aussi mon étonnement prend racine de deux raisons :



La première étant que ces responsables politiques sont  connus par le marchandage de leurs principes, de leur religion et de leur patrie en contrepartie de postes ou de subventions étrangères .Et bien que tout soit d'une clarté aveuglante ils exploitent une jeunesse ignorante de son Histoire pour la bourrer de slogans et la persuader de manifester ou de soutenir leurs organisations politiques. Il est à noter que ceci n'arrive qu'occasionnellement, lorsque l'embrigadement des jeunes devient un moyen de pression et de chantage visant à obtenir des postes de responsabilité ou des cachets remis sous la table.  Quant aux autres jours personne ne se rappellera ni la jeunesse ni ses slogans.

La seconde réside dans la manière dont ces responsables se réunissent, bien malgré leurs divergences, dans des maisons clôturées pour négocier leurs propres intérêts, laissant les slogans à la jeunesse .Une fois leur secrètes négociations achevées, ces dits responsables soignent leur sortie en des phrases résonnantes et bien étudiées par lesquelles ils incitent les jeunes, à son insu, à les soutenir dans leurs projets et consensus ourdis dans ces cabinets secrets.

Où est donc l'institution de l'enseignement ? Où est l'esprit critique des jeunes ? Où sont les universités ? Où sont les moyens d'information ?

Y a-t-il encore dans ce pays quelqu'un pour le servir sans rien attendre en retour ?

Texte paru initialement en Arabe dans le journal "Al massae" no 1388 du 10/03/2011.




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