Le revenant...

    Les deux brancardiers n’en revenaient pas de leur étonnement lorsque la victime, étendue sur son dos, leur demandait avec insistance de le laisser là où il était sous prétexte que sa blessure était légère.
« Mais non ! Je vous dis que je veux rester ici et y mourir tranquillement, je ne veux pas monter avec vous » lança-t-il encore une fois.
C’est alors que l’un des deux anges qui attendaient au pas de l’issue d’un ascenseur s’avança vers lui, le tint par l’épaule et lui chuchota : «dis mon gars, je crois qu’on a assez attendu comme ca, et maintenant c’est l’heure de rentrer ».
 « Allez-y sans moi, je veux rester ici moi » vociféra le blessé à bout de forces.
Les deux anges, à bout de patience, voulurent le relever de par dessous ses bras, et c’est à ce moment là qu’une voix qui semblait venir des nuages lança : « Non ! Jusqu’à ce que mort s’en suive. Vis jusqu’à ce que mort s’en suive. est-il dit dans le code. Alors ne le brusquez pas sinon vous aurez sa mort sur la conscience et vous en rendrez des compte à qui se doit ». Ils le redéposèrent par terre.
Croyant que le blessé avait  relevé de lui-même sa tête  pour rendre le dernier soupir, les  brancardiers  essayèrent de le hisser sur le brancard et ils eurent du mal à le bouger d’un pouce ; tellement il était lourd et pesait comme un cadavre.
C’est à ce moment là que le médecin qui avait ordonné son transport à l’hôpital se pencha de la portière de l’ambulance et cria : « Vous venez oui ou non ? On ne va pas attendre qu’il nous crève sous les yeux ».
Ayant entendu cela, le blessé releva lentement la tête et balbutia en une longue expiration : « Je vous dis que je ne veux pas monter là haut, laissez-moi en paix ».
- Mais vous êtes blessé, Il faut que vous montiez avec nous, on va s’occuper de vous et vous guérirez, vous verrez .
- Non ! Je vous dis que vous mentez ; d’ailleurs personne n’est jamais revenu de chez vous.
Etonné encore une fois de cette franchise de mort, l’un des brancardiers se pencha sur la tête du blessé pour l’entendre murmurer à l’un des deux anges : « vous savez maintenant aussi bien que moi que tant que je ne suis pas mort, vous n’aurez pas le droit de me monter là haut » .Il comprit que le blessé se voyait déjà sous les voutes célestes qui s’ouvraient pour l’accueillir, il l’empoigna de toutes ses forces et parvint, aidé de son camarade, à le hisser sur le brancard qu’ils se précipitèrent de jeter dans l’ambulance  qui se lança à toute vitesse , sirène battante , laissant les deux anges qui durent attendre encore longtemps avant de rentrer.

Ecrit par : Saïd BOUFOUS
Er-Rachidia le : 18 janvier 2011

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