La plus grande révolution pacifique de l'Histoire de l'humanité. texte de Khalès Jalabi ,traduit par A.Boufous

Je voudrais par ces paroles ouvrir les yeux sur les dangers des explosions dans les mondes arabe et musulman, et sur le fait que la culture de la violence dont nous sommes imbus à travers des siècles rend toute société où qu'elle soit candidate à une explosion épouvantable. Ce qui est arrivé en Algérie, en Irak et ce qui es arrivé précédemment au Liban et dans bien d'autres pays encore pourrait exploser aussi ailleurs, et ce qui a explosé dans un certain pays est capable de récidiver avec plus de violence, du moment que le problème n'a été résolu que momentanément dans le sang et la violence.
Les problèmes ne seront pas résolus de cette manière, car le conflit ne conduit pas à la résolution des problèmes, et les gens se calment pour un temps avant de se révolter de nouveau, la période de trêve est consacrée à la préparation pour un nouveau round plus effrayant. Tout ceci en raison de notre manque d'immunité contre ces microbes intellectuels, notre culture n'est pas immunisée contre la maladie de la violence ; c'est pourquoi il faut diffuser la culture pacifique et bien l'asseoir pour plusieurs considérations cruciales, dont la moins importante n'est pas d'inculquer réellement l'esprit de la démocratie dans le monde arabe et la déclaration d'une charte de la paix sociale, ainsi que l'arrêt du principe de la trahison dont vit et s'abreuve le monde arabe actuellement . C'est que la démocratie ne s'offre pas de haut, comme il est d'usage dans certains pays arabes, car si elle est offerte de cette manière (un don) elle peut tout aussi bien être ôtée suivant le même procédé, alors que lorsqu'elle pousse énergiquement de la terre elle devient indéracinable et même si elle est élaguée ou rasée, elle revit et repousse parce qu'elle a étendu ses racines dans la glèbe cérébrale de l'Homme arabe.
Par conséquent nous n'avons pas encore senti l'odeur de la démocratie, il nous sépare d'elle l'étendue séparant les deux orients, et la dictature n'est as seulement récente au sommet de la pyramide, mais également au sommet de toute organisation sociale petite ou grand, à la maison, à l'usine, à l'école, à la garnison, à l'hôpital ; entre le mari et sa femme, le père et le fils ,le fonctionnaire et le citoyen ,le chauffeur et le policier ...etc.
Certains croient que le simple fait de destituer les gouvernements changerait systématiquement la situation et nous ferait passer vers la démocratie, cela n'est qu'imagination maladive résultant de l'incompréhension des mécanismes du changement social, et que celui qui tue par l'épée périra par l'épée.

Le théologien Abderrahman Al Kawakibi a remarqué précédemment, dans son ouvrage publié il y a de cela plus de quatre-vingt ans,"Tabaiâa Al Istibdad" (les caractéristiques du despotisme), que le changement ne se réalise pas et demeure inutile par le changement des gouvernants, pour la simple raison qu'une autre couche viendrait siéger à la place de la précédente, tant que n'est pas modifié le statut fondamental de l'édification de la société. Et c'est la raison pour laquelle le prophète (saw) a refusé le trône que lui avait offert la tribu de Qurraïch comme prix de l'abandon de sa prédication, car le changement de la situation passe par la modification de l'infrastructure usant du "système de pensée" et de l'arbre de la connaissance originelle qui sauvegardent les schèmes de la société et son mode de fonctionnement. La démocratie est un renversement cognitif avant tout et une longue éducation, et tant que nous ne rendrons pas compte de la nature des choses, nous demeurerons des ravageurs et des criminels.

Quel serait donc, la signification philosophique et morale du geste des apôtres du prophète (que Dieu les bénisse), quand ils s'arment de patience au lieu d'appliquer la loi du Talion ? C'est que le prophète (SAW) leur a ordonné cette attitude pacifique pour leur inculquer la démocratie et les préparer pour l'avenir. Afin qu'ils ne prennent pas l'habitude de régler leurs différends par les armes comme c'est le cas en Afghanistan, car celui qui s'habitue à la violence, s'y applique et l'utilise contre son ennemi au début, est susceptible d'en user de même contre ses propres frères le jour suivant !

Il est donc indispensable d'assimiler les mécanismes du conflit social et politique. Le conflit est basé sur le désir de chaque volonté de détruire la volonté adverse, de manière qu'à la fin il n'en demeure qu'une seule, et la relation humaine se transforme en deux volontés, vainqueur et vaincue, maître et esclave, haut et bas, ou encore en d'autres termes: deux parties qui se font mutuellement peur. Le premier, le vainqueur qui reste toujours sur ses gardes de peur de la vengeance du vaincu, et l'humilié qui ingurgite l'amertume de la défaite et se prépare à se réhabiliter face à soi-même en se vengeant du vainqueur. Le conflit ne mène donc comme nous venons de le constater qu'à un autre conflit, il n'a pas engendré la paix mais une guerre programmée, et pas seulement ceci car le prochain round risque d'être plus atroce et plus terrifiant encore, parce que l'énergie du combat et ses armes doivent être plus meurtrières des deux côtés, le vaincu devant perfectionner ses armes pour garantir sa victoire, et ce sont tout à fait les mêmes desseins du vainqueur.

Ce mécanise se développe constamment comme cela est arrivé avec les grandes puissances après la seconde guerre mondiale, et le conflit n'a pris fin que lorsque cette voie a été en principe abandonnée et c'est ce qu'elles firent pratiquement après l'arrêt de la guerre froide .Il faut briser le cercle de la violence par l'une des parties quelconque en arrêtant de suivre ce périple diabolique.

Quant à la voie pacifiste suivie par le prophète (Saw), elle se base non sur l'humiliation du vaincu auquel on tord le bras pour amollir sa volonté, mais s'introduire dans son cœur à la rencontre de sa propre volonté, ceci est le principe clé de la méthode pacifique d'affrontement. Et ce qui arrive ici c'est la fusion d deux volontés et non la destruction de l'une par l'autre, il n'y a alors n vainqueur ni vaincu, ni haut ni bas, ni maître ni esclave mais des êtres humains égaux qui s'affectionnent et qui se comprennent.

Et si le prophète(SAW) s'était défendu et avait frappé Abu Jahl, lorsque celui-ci jeta sur lui des saletés en pleine prière dans la Kaâba, la tribu de Qurraïch aurait éclaté, et Hamza ne se serait pas déchaîné, proclamant son Islam et provoquant Abu jahl en criant : je suis adepte de sa religion, réponds-moi si tu l'oses ! "

Ce mécanisme psychologique est assez obscure pour nous, et c'est ce à quoi fait allusion le Hadith sur l'assassin et sa victime, en disant que les deux vont en enfer, du moment que le fondement psychologique, point de départ des deux belligérants demeure identique. La question est seulement qui va tuer l'autre en premier, en réalité le tueur serait le tué si sa réaction avait tardé, et le tué serait tueur s'il avait pris l'initiative du coup fatal, il n'y a donc pas de différence entre les deux. "Chacun était décidé à tuer l'adversaire" dit-il.

Notre discours pore sur le changement social et non pas des incidents personnels, si la force publique se pointe on ne peut lui résister militairement, ce qui n'est pas le cas si c'est un criminel qui barre la route et que nous voulions l'en dissuader .Ces deux opérations sont bien différentes l'une de l'autre, il faut être attentif à cela et bien les distinguer.

Tandis que la déviation du gouvernant est régulée par la parole sincère et conseillère et non par ourdir des complots dans son dos pour le trucider(le meilleur jihad demeure une parole juste en présence d'un sultan tyrannique).Ce que cela veut dire ? C'est une déclaration de l'ouverture du dialogue entre le pouvoir et le citoyen, ne serait-ce que par l'une des deux partie, car le pouvoir ne traite habituellement qu'avec deux types de gens : le menteur hypocrite et le révolté hargneux qui manigance des soulèvements. Et ce que déplore notre société c'est l'absence de la troisième catégorie qui proclame hautement la vérité et conseille par la manière convenable avec tout l'amour et toute la fidélité et sans haine ni propagande.

Et si la langue des prophètes (la troisième) prohibe la formation du pouvoir par la violence, elle en juge de même pour la déviation des gouvernants et leur injustice. Les différents Hadiths à propos des insurrections incitent tous à éviter de se révolter contre le gouvernant quel que soit le degré de son injustice et du préjudice subi. Contrairement à la démocratie occidentale qui légitime le recours à la violence, ce que les Kharidjites ont fait naguère. En même temps tous les Hadiths incitent sur le devoir d'exprimer son opinion envers toute déviation et de ne pas garder le silence, non par le fil de l'épée mais par la seule parole, et c'est là la position d'Abbu Dar Al Ghafari .

Tous les Hadiths tendent vers l'interdiction d'user de la force contre le gouvernant (même s'il t'a ôté ton vêtement et flagellé ton dos), et ce n'est pas un appel à la soumission, comme certains auraient tendance à le croire, mais un affrontement par la manière pacifique et le bannissement de la violence pour toujours. La totalité de ces Hadiths ordonnent de jeter les épées, de casser les arcs, et d'en couper les cordes, plus encore, certains Hadiths en arrivent à dire (...et si quelqu'un s'introduit dans ta maison et veut te tuer, et que tu crains que le reflet de l'épée ne t'aveugle, jette ton habit et soit comme le fils d'Adam, qu'il assume son péché et le tien). Ce qui est étrange c'est que ceci se trouve dans notre culture et notre patrimoine mais la société possède la capacité de tout falsifier et d'instaurer une culture violente effrayante qui se propage notre histoire sans arrêt. Avec la déviation (du pouvoir) les Sahabas se sont divisé en trois tendances :
-ceux qui ont opté pour la neutralité
-Ceux qui ont succombé à l'insurrection
-Et ceux qui n'ont pas porté les armes tels que Abbu Dar Al Ghafari, nous devons faire revivre son courant de pensée et non pas celui des Kharidjites dont le Hadith disait qu'ils sont entrés en religion sans en saisir la profondeur ni la direction, et leur piété ni leurs prières ne leur serviront à rien, car l'adoption d'une religion sans en avoir pleinement conscience pourrait être dangereux, et l'adorateur ignorant pourrait être un intermède de Satan, par la violence. Et ce que nous demandons aux gens c'est d'intégrer la paix, parce que celui qui croit en la violence pourrait sacrifier le sang des êtres les plus proches, c'est ce que firent les musulmans jadis avec Uthman et Ali.

Le coran a usé de très belles sentences quand il considère que celui qui salue, (par le salam musulman), ne doit pas être considéré comme mécréant "Et ne dites pas à celui qui vous salue : tu n'es pas croyant". C'est un sens d'une importance considérable dans le but de l'édification de nos sociétés futures sur des bases pacifiques, parce que quel que soit notre différend avec "les pacifistes "ils épargneront notre sang alors que les violents, même s'ils sont les plus pieux parmi les hommes ils pourraient sacrifier notre sang à Dieu le lendemain sans sourciller. Il n'y a guère de sécurité auprès d'eux, et quand nous saurons résoudre nos différends de cette façon, nous serions de même capables de les résoudre avec nos amis traditionnels, car notre problème principal n'est pas avec Israël, les nations unies et les puissances étrangères, le défi que nous affrontons est d'abord interne avant toute chose.

Ces principes que nous avançons aujourd'hui seront un jour comme des montagnes, lorsque les gens commenceront à les comprendre, la vie reviendra alors ainsi que la jouvence et revivront le Coran et les musulmans pour que la paix règne sur terre et que soient déchus tous les adeptes de la violence qui désirent voler et violer le monde et les ignorants. Et nous devons comprendre que l'actif de la démocratie demeure la conscience des gens avant toute chose .L'erreur grandiose commise par la culture musulmane est de rendre la prévarication et l'intégrité tributaires des gouvernants et non pas des peuples, car le bon dirigeant ne peut changer une mauvaise communauté mais sera perverti lui-même, comme si l'on nommait un président démocrate occidentale à la tête d'un pays révolutionnariste arabe.

L'imam Ali était probe et nous ne pouvons en avoir de semblable, mais le peuple, pas assez conscient l'a trahi et tué.
C'est pour cette raison que nous devons assimiler cette vérité et commencer par l'enseignement et la propagation de la culture positive et le changement des mentalités, et lorsque s'incrusteront ces idées dans la société les gens deviendront heureux et passeront à une nouvelle étape comme ils ont laissé la période de l'obscurité et ont intégré celle de l'électricité et de la lumière. ils connaitront alors les lois de la direction des Hommes, l'édification de la société et des outils de décision et vivront dans des lumières superposées.

Texte paru initialement en Arabe dans le quotidien "Al massae" n°1308 du mardi 07/12/2010.

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