En épitaphe pour feu mon jeune voisin ...
Quand il poussa son premier cri,sa pauvre mère était déjà mourante;l'accouchement difficile à la maison avait provoqué chez elle des problèmes graves de santé nécessitant son transport d'urgence à l'hôpital;la famille inquiète et bouleversée oublia le nouveau né tout seul à la maison quand une voisine,une vieille femme ,vint leur rendre visite comme elle avait toujours l'habitude de faire;elle le trouva et le sauva en l'enveloppant dans une pièce de son habit d'antan.
Le bébé survécut alors que sa maman mourut et le laissa se nourrir du lait de plusieurs femmes de son ksar. Le père n'avait pas le choix, il épousa une autre femme qui entoura son bébé d'amour et d'affection comme s'il était son propre enfant; chose que tout le monde remarqua lorsqu'ils étaient venus résider à Tarmast, pas loin de chez moi. Il était encore très petit et je ne le distinguais pas de ses congénères puisque tout était normal à ce moment là. En grandissant , hélas! mon petit voisin prenait déjà le chemin de la délinquance,il ne passait pas un jour sans entendre parler de lui et de ses bagarres. Chaque jour on voyait sa mère adoptive au vrai sens du mot contrairement à ce qu'on a l'habitude de voir chez les autres femmes, on la voyait sillonner les rues du quartier à sa recherche ; elle s'inquiétait beaucoup pour lui.
Une nuit très froide d'hiver, et pour se faire connaître peut-être de moi, il frappa gratuitement la porte de ma maison avec un gros caillou faisant trembler toute la maison et produisant une très grande frayeur chez mes enfants; les voisins m'informèrent qu'il répétait cet acte chaque fois qu'il s'ennuyait du vide .
Le lendemain quand je l'avait retrouvé, il m'a fait vraiment de la peine ,c'était un enfant chétif dont les regards disaient beaucoup, un air coléreux et j'avoue que dés lors je ne l'avais jamais vu sourire.
Après quelques jours de la diffusion sur 2M de l'émission "tahkik" consacrée au suicide au Maroc et à 17 ans; mon petit voisin préféra mettre fin à sa vie, Mercredi dernier, par pendaison sur un tamaris pas loin de la maison où il était né, là ou la vieille l'avait déjà sauvé, cette fois personne ne pourrait le faire et j'en suis vraiment touché.
Mon petit voisin n'avait pas de raison pour se suicider;il était dans la fleur de l'âge, je me sens quelque peu responsable comme tout le reste de la société où il avait passé ses jours de délinquance sans que personne n' ait essayé de lui tendre la main.
Le cadavre était trouvé le matin, un mouchoir mouillé de ce produit narcotique très fort appelé "silissioune",je suis vraiment triste.
Mon petit voisin , je te pardonne et j'espère que tu nous pardonnes tous de t'avoir négligé.
Mon petit voisin,que dieu ait ton âme et te pardonne, tu étais petit mon voisin , tu étais victime et dieu le sait...
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