Ecole :Pour qui sonne la cloche ?
Je pense que le véritable danger qui guette cette noble fonction de l'enseignement est justement,aussi paradoxal que cela puisse paraître,que les enseignants se considèrent comme des fonctionnaires.Rien de grave à ce que leur administration les considère comme tels,elle ne pourrait faire autrement puisque à ses yeux il n'existe que des numéros de somme (référence bestiale)qui doivent être présents à leurs postes, par tous les temps,suivant un tableau de service imposé et dont chaque absence injustifiée est sanctionnée par un prélèvement,justifié lui,sur le salaire correspondant à ce numéro.
Mais ,dans un domaine où l'effort fourni est difficilement quantifiable ,il serait déplorable de réagir de manière mercantile et de se dire que ,puisque la rémunération ne correspond pas à l'effort consenti,ou prétendument consenti;il faudrait ,pensent certains,réduire cet effort jusqu'à ce qu'il soit inférieur ou égal au salaire reçu,évalué selon des critères basés sur des comparaisons avec des secteurs où d'autres sont mieux payés pour un effort qu'apparemment ils ne fournissent pas du tout.
Il est vrai que dans ,un pays qui aspire à réaliser ses idéaux de démocratie et d'ouverture sur des civilisations technologiquement plus avancées,les enseignants devraient être et ce pour toutes les catégories,aux antipodes de ces stupides problèmes d'argent.La nature même de cet emploi ,que certains choisissent par véritable vocation,mais que bien d'autres ,hélas,ont été acculés à exercer et le font en attente de la situation de préretraite que représente ,pour eux ,le cadre d'inspecteur.les bénéficiaires en place donnant une impression idyllique de repos ,voire de nonchaleace payée qui en tente plus d'un ,au vu de ces corps inspectoraux avachis sur les chaises des cafés et dont le salaire est sans commune mesure avec l'effort qu'ils ne fournissent pas.
Il faut dire que la nature de cet emploi d'enseignant,de par son aspect humanitaire dont l'importance n'échappe à personne,interdit tout esprit mercantile.C'est la réussite d'une génération qui devrait être la véritable gratification d'un enseignant,tant que l'état lui garantit une vie décente et que la société ,par conséquent lui voue un respect dû,non seulement à son audience culturelle,devenue monnaie de singe par de nos jours, mais aussi ,vu que le citoyen moyen a d'autres critères plus prosaïques,ce respect devrait être dû à la valeur économique de l'enseignant .
Un de mes collègues avait remarqué dernièrement que,du temps qu'il était encore élève les professeurs avaient en majorité des voitures personnelles et que maintenant qu'il enseigne dans ce même lycée, rares sont ceux qui possèdent une automobile.Il en a déduit que l'inflation entrant en lice dans ce rapport de valeur,le salaire moyen d'un enseignant ne lui permet plus ce privilège.C'est dire combien le pouvoir d'achat de cette catégorie de fonctionnaires a régressé et comme les gens ,de nature,accordent plus de respect aux personnes aisées,l'estime accordée à l'enseignant,même quand il serait un pédagogue émérite, fluctue avec son pouvoir d'achat.Il est méprisé pour son apparence et ceux-là même qui le méprisent lui reprochent,entre autres son incapacité et l'accusent d'être à l'origine des mille maux pouvant atteindre une société décadente,rongée jusqu'à l'os par le vice de l'argent.
Ainsi la boucle est bouclée et le cercle devient vicieux à force d'être caressé et celui qu'on dénigre en partant de critère pécuniaires est ,paradoxalement, attendu comme le Messie qui viendrait gommer l'ignorance de la surface terrestre.Autrement dit ,vous êtes mal payés et vous devez exercer admirablement votre métier pour améliorer le niveau intellectuel de nos prochains chômeurs! Mais entre nous,avez vous déjà entendu parler d'un pays "tiersmondesque" qui se hasarderait à se retrouver au bout d'une seule décade,face à face avec une foule d'intellectuels bien formés et désoeuvrés? Jamais! Alors c'est là où le bât blesse,car une décennie,en termes de politique sociale ne représente rien,pas même le temps de mettre en œuvre une étude prospective sérieuse et encore moins en termes de planification,pas même le temps de se retourner les pouces .
C'est pourquoi,dans l'attente d'un remue-ménage qui viendrait remettre les pendules de notre enseignement à l'heure; les responsables gèrent une crise dont l'enseignement est indissociable.Il représente l'arbre qui cache une forêt immense,de ce même bois dont on fait les tableaux noirs qu'on s'amuse à brosser pour aveugler la foule avec les résidus de craie.C'est ,plus simplement ,pour jeter de la poudre aux yeux de ceux qui persistent à croire ,contre vent et marées ,que le fils d'un pauvre sourcier possède autant de chances que celui d'un riche négociant ,de devenir ingénieur hydrologue ou encore météorologue par les mauvais temps qui courent.%
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