Arraw N' znekt ou les enfants de la rue des écoles .
Prologue:
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Aheddoun n' est ni un demi-Dieu,ni une quelconque divinité Grecque se prostituant sous la plume du premier venu.Ce nom ne méritera sa place parmi tant d' autres que par la force de suggestion qu' il ne cessera de dégager dans ses relations avec autrui.Ces autres personnages hissés au rang de partenaires d' un itinéraire parallèle à celui de cette énigme vivante qui ne cessera de manifester sa présence ,celle du nom d' abord puis celle de l' être qui le porte ou qui le su-porte...
Chapitre premier.
Chapitre premier.
Le plus loin que remontent mes souvenirs,quand mon oeil vit Khô pour la première fois ,il était en short avec un ballon en plastic dur sous le pied droit.Il aimait beaucoup le foot et sa passion consistait à se mettre ainsi en tenue de jeu et de montrer ses jambes à peine couvertes d' un duvet jaune aux rares passants matinaux de sa rue natale baptisée "znekt", par lui et ses copains.Son père ,sergent retraité de l' armée avait un faciès hitlérien accentué par le petit buisson de moustache qu' il s' obstinait à entretenir sous son appendice nasal ; ultime refuge d' un point d' honneur de cet ex-poilu à la marocaine; qu' il refuse de livrer à la lame assassine de Minora stainless. Son influence sur Khô était manifeste et cela ne faisait qu' aiguiser en ce dernier un farouche besoin de liberté qui explosait au premier contact d' oxygène propre sur le seuil de la maison.Une fois sorti,il était l'un des maîtres dans la rue que ses amis et lui transformaient en terrain omnisports selon les saisons.Ses copains étaient tous nés dans la même rue.Ils étaient ses voisins immédiats ou pour certains, habitaient à une centaine de mètres au maximum.Ils avaient tous le même âge ou presque et fréquentaient avec peu d' assiduité ou du moins avec peu d' entrain la même école et la même classe.A cet âge ,quatorze an à peine pour les plus âgés l' école pour nous n' était qu' une contrainte dont nous ne saisissions pas encore pleinement le sens.C'est cette même école que nous n' hésiterions pas à désigner souvent comme la source de tous nos malheurs.Khô s' en moquait en toutes occasions ,il avait cultivé un don inégalé pour toutes formes de plaisanteries,de moqueries,de mots d' esprit de tous genres auxquels n' échappait aucune de ses connaissances,si ce ne sont pas même des gens inconnus de passage dans "sa" rue.Il s'escrimait à mimer tout ceux qu' il lui arrivait de voir dans des situations qui lui semblaient comiques. préparant minutieusement sa mise en scène incognito devant la glace de sa petite salle de bain familiale et la présentait à ses copains durant les longues veillées hivernales derrière le bain maure des aït ka. ,autour d' un feu de braises.La bande n' znkt puisqu' il faut appeler un chat par son nom,était formée d' une demi douzaine de galopins.Ils étaient les "fils de la rue" tel qu' ils se désignaient eux-mêmes et vivaient dans une forme de communisme enfantin où les plus forts avaient les meilleurs parts comme chez les grands.Chacun de nous était tenu de participer aux frais communs pour l' achat des ballons,des tenues sportives ,des godasses mikhnaz ,dernier cri de Boutaj qu' on rembourrait au coton d' oreiller pour les rendre chaussables .Les matchs se déroulaient dans un terrain sauvage ou un autre selon l' équipe adverse;chacune ayant son propre terrain improvisé ,soit dans un anrar ,terrain de battage souvent inoccupé exception faite de la saisons de récoltes des dattes ou du battage des céréales . Ainsi quand notre équipe jouait contre les fils des mokhaznis appelés communément " aït mobile" chacun préférait être le plus proche possible de ses bases-arrières que représentaient les maisons.Pour avoir déjà eu maille à partir avec ces mobiles ,réputés pour leur caractère belliqueux et surtout à cause de leur grand nombre,nous options stratégiquement pour le terrain situé prés de la maison du docteur.on pouvait au besoin l' agrandir en débordant sur l' asphalte. C' était un espace qui donnait l' avantage aux mobiles au cas où le jeu tournait mal,mais qui avait aussi l' avantage d' être le plus proche de nos maisons, ainsi était-on quittes.on pouvait au besoin jouer sur l' asphalte qui traversait cet espace devant l' école. La promiscuité d' une rivière souterraine à laquelle on accédait par une espèce de trappe garnie de marches ,jouait en faveur du choix de ce terrain notamment pendant les grandes chaleurs où l' on avait besoin de se désaltérer durant le match.Deux grosses pierres de taille respectable étaient posées à chaque bout de ce terrain de fortune et symbolisaient les bois du but.Il était toujours très difficile de trancher sur la légalité des goals marqués par la voie des airs ,mais l' arbitre avait le dernier mot.ces échauffourées où les coups bas étaient des formules de politesse et les injures des codes de reconnaissance ne se terminaient jamais sans quelques escarmouches.Nous en venions souvent aux mains ,qui ne tardaient pas à se saisir d' une branche de palmier sèche munie de piquants "aghlayz" pour intimider l' adversaire. Nous faisions corps dans ce combat et nous frappions en groupes .Plus d' une fois nous avions livré bataille aux mobiles mais il fallait alors faire de la guérilla et non un combat rangé car ces jeunes diablotins avaient vite fait de monter sur les créneaux de leur caserne ,qu' il nous était interdit nous les fils de civiles d' escalader et de nous bombarder de jets de pierres qu' il avaient au préalable emmagasinées sur les toits en prévision de ces batailles.Arrivés là nous devions battre en retraite et nous replier sur nos positions arrières,en l'occurrence derrière le bain maure où derrière la maison du super caïd où nous avions des positions respectables et mieux défendables. des fois il résultait de ces querelles des blessures plus ou moins graves ,des cas où le joueur atteint était d' urgence évacué à bicyclette vers l' hôpital .L' infirmier permanent se limitait souvent à lui appliquer un liquide rougeâtre sur la plaie pour la désinfecter sans plus,des fois il pansait le membre ou l'orteil endolori et renvoyait le patient chez lui .Khô n' était jamais loin pour se saisir de cette occasion et se moquer narqouisement de la victime de l' incident à qui il lançait goguenard:"Toi taknafoute tu mourras dans la craie ,la blanche à l' école et la rouge en antiseptique à l' hôpital" La sentence bien sentie et surtout pour qui connaissait taknafoute; avait déclenché l' hilarité générale.
La notoriété de notre groupe provenait de ce que nous étions des fils de fonctionnaires de divers services et que nous avions de ce fait des alliances dans les différentes administrations .A l'hopital il y avait le père de laâssoum qui nous introduisait chez le docteur si le besoin s' en faisait ressentir.Le valeureux bonhomme avait une conscience professionnelle très aiguisée et refusait de se mêler aucunement de ce qui ne touchait pas directement à son travail pour éviter les problèmes .Il répondait souvent à quiconque lui demandait une information sur la présence du docteur dans son bureau avec un long "oursss.." bien tourné (je ne sais pas en tamazight) qui laissait le demandeur interdit d'autant plus qu'il avait vu de ses propres yeux le médecin entrer audit bureau. Au tribunal il y avait le père de Salas ou le mien ,surtout pour les papiers administratifs exigés pour la scolarité .C' est que nous,les fils n'Znkt avions autorité sur une bonne partie du territoire qui s' étendait depuis le rond-point que nous partagions certes avec d' autres bandes du village ou de mobile en temps de paix ,mais nous tenions par instinct de propriété quasi- animale à venir pisser sous les rosiers prés des sièges en ciment en forme de "S";histoire de démarquer comme des félins notre territoire.Notre fief s' étendait jusqu' aux confins d'Ighrem,là où d' autres bandes telle que celle d'abza ou de H. régnaient en maîtres .Nous étions une demi-douzaine d' adolescents inconscients pour qui le bonheur consistait à pouvoir gagner de quoi jouer aux cartes à Ajourri ,la fameuse cascade que forme la grande rivière (targa takhatart) pour épouser la déclinaison du sol et qui a été témoin de nos premiers barbottement dans l'eau avant que nous passions aux étangs laissés par la crue de l' Oued ghriss à l'étang de la chatte ou "tamda n'tmichout" en tamazight.Quand nous n'étion's pas là ce devait être sous les oliviers derrière l' immense domaine du super-caïd à qui nous volions les grenades au coucher du soleil ou encore des oranges, grosses comme des melons et que nous mangions sur les lieux même du larcin ;en laissant bien en vue les éplûchures sur le gazon .
Chap 2
Khô était toujours de ces virées.Il était l' âme du groupe ,celui qui vous faisait éclater de rire en plein deuil de votre grand-mère.et même si ce n' était pas lui qui menait ce groupe il était indispensable à sa continuité.Les autres ,Salas le fils du patron de l' hôtel profitait de cet avantage pour avoir toujours les meilleurs morceaux,cela se traduisait à l' époque par des mégots plus longs que ceux des autres puisque le milieu touristique dans lequel nous évoluions nous avait initiés très jeunes aux délices de la fumée passée par les narines et bien d' autres choses encore que nous allions découvrir au fur et sans mesure.Arbeïten,lui fils d' un voyagiste free-lance comme on dirait de nos jours ,était le mécano de la bande .Celui qui réparait nos bicyclette moyennant quelque menue monnaie ,mais aussi celui qui allait jouer des rôles plus importants lorsque nos activités allaient s' élargir avec l' âge.Il avait perdu son père très jeune ,ce qui le libérait de toute autorité .l' autre fils de la rue était taknafout , il était le fils unique d' un célèbre commerçant du village connu pour son esprit calculateur.Taknafoute était l'incarnation en chair et en os du proverbe "à père avare ,fils prodigue",malgré ses maigres ressources qui ne filtraient d' entre les mains de son père qu'au millimètre il était dépensier ,ce qui ne l' empêchait point de calculer chaque dépense avec une méticulosité de vieille veuve ce qui lui valait bien parfois la moquerie des autres.Bakou et son frère Youka ,étaient également des membres à part entière quoi que seul Bakou plus âgé était le seul à être admis dans le groupe ,son frère youka vu son âge plus jeune n' était pas toujours admis dans certaines opérations mais sa petite taille et son agilité en faisaient un atout irremplaçable quand il s' agissait de monter agilement en haut des grands palmiers pour agiter les palmes et faire pleuvoir les dattes succulentes ou encore d' "automniser" le jardin du juge ou du petit caïd.Ceci était le noyau dur de la bande des fils de la rue .Bien sûr s' ajoutaient toujours deux ou trois autres adhérents éloignés selon la nature des activités et des saisons .
Les jours passaient ainsi dans la joie innocente d' une enfance qui ne se sentait pas misérable bien que les conditions de la majorité de leurs familles n' étaient point favorables.La pauvreté était une chose bien naturelle que nous avions apprivoisée et les adultes eux-même initiaient leur progéniture à la sagesse forcée d' accepter une vie peu souriante; tout en cherchant à se distinguer par des études brillantes qu' eux n' avaient pu faire et d' améliorer ,par la même voie, la situation familiale assez précaire.Nous avions aussi en commun d' être nés dans des familles nombreuses avec en outre beaucoup de mâles ;ce qui faisait que nos parents perdaient rapidement le contrôle et ne savaient plus de qui s' occuper en premier, nous laissant de ce fait ,par excès ou par défaut une bonne marge de liberté.
La notoriété de notre groupe provenait de ce que nous étions des fils de fonctionnaires de divers services et que nous avions de ce fait des alliances dans les différentes administrations .A l'hopital il y avait le père de laâssoum qui nous introduisait chez le docteur si le besoin s' en faisait ressentir.Le valeureux bonhomme avait une conscience professionnelle très aiguisée et refusait de se mêler aucunement de ce qui ne touchait pas directement à son travail pour éviter les problèmes .Il répondait souvent à quiconque lui demandait une information sur la présence du docteur dans son bureau avec un long "oursss.." bien tourné (je ne sais pas en tamazight) qui laissait le demandeur interdit d'autant plus qu'il avait vu de ses propres yeux le médecin entrer audit bureau. Au tribunal il y avait le père de Salas ou le mien ,surtout pour les papiers administratifs exigés pour la scolarité .C' est que nous,les fils n'Znkt avions autorité sur une bonne partie du territoire qui s' étendait depuis le rond-point que nous partagions certes avec d' autres bandes du village ou de mobile en temps de paix ,mais nous tenions par instinct de propriété quasi- animale à venir pisser sous les rosiers prés des sièges en ciment en forme de "S";histoire de démarquer comme des félins notre territoire.Notre fief s' étendait jusqu' aux confins d'Ighrem,là où d' autres bandes telle que celle d'abza ou de H. régnaient en maîtres .Nous étions une demi-douzaine d' adolescents inconscients pour qui le bonheur consistait à pouvoir gagner de quoi jouer aux cartes à Ajourri ,la fameuse cascade que forme la grande rivière (targa takhatart) pour épouser la déclinaison du sol et qui a été témoin de nos premiers barbottement dans l'eau avant que nous passions aux étangs laissés par la crue de l' Oued ghriss à l'étang de la chatte ou "tamda n'tmichout" en tamazight.Quand nous n'étion's pas là ce devait être sous les oliviers derrière l' immense domaine du super-caïd à qui nous volions les grenades au coucher du soleil ou encore des oranges, grosses comme des melons et que nous mangions sur les lieux même du larcin ;en laissant bien en vue les éplûchures sur le gazon .
Chap 2
Khô était toujours de ces virées.Il était l' âme du groupe ,celui qui vous faisait éclater de rire en plein deuil de votre grand-mère.et même si ce n' était pas lui qui menait ce groupe il était indispensable à sa continuité.Les autres ,Salas le fils du patron de l' hôtel profitait de cet avantage pour avoir toujours les meilleurs morceaux,cela se traduisait à l' époque par des mégots plus longs que ceux des autres puisque le milieu touristique dans lequel nous évoluions nous avait initiés très jeunes aux délices de la fumée passée par les narines et bien d' autres choses encore que nous allions découvrir au fur et sans mesure.Arbeïten,lui fils d' un voyagiste free-lance comme on dirait de nos jours ,était le mécano de la bande .Celui qui réparait nos bicyclette moyennant quelque menue monnaie ,mais aussi celui qui allait jouer des rôles plus importants lorsque nos activités allaient s' élargir avec l' âge.Il avait perdu son père très jeune ,ce qui le libérait de toute autorité .l' autre fils de la rue était taknafout , il était le fils unique d' un célèbre commerçant du village connu pour son esprit calculateur.Taknafoute était l'incarnation en chair et en os du proverbe "à père avare ,fils prodigue",malgré ses maigres ressources qui ne filtraient d' entre les mains de son père qu'au millimètre il était dépensier ,ce qui ne l' empêchait point de calculer chaque dépense avec une méticulosité de vieille veuve ce qui lui valait bien parfois la moquerie des autres.Bakou et son frère Youka ,étaient également des membres à part entière quoi que seul Bakou plus âgé était le seul à être admis dans le groupe ,son frère youka vu son âge plus jeune n' était pas toujours admis dans certaines opérations mais sa petite taille et son agilité en faisaient un atout irremplaçable quand il s' agissait de monter agilement en haut des grands palmiers pour agiter les palmes et faire pleuvoir les dattes succulentes ou encore d' "automniser" le jardin du juge ou du petit caïd.Ceci était le noyau dur de la bande des fils de la rue .Bien sûr s' ajoutaient toujours deux ou trois autres adhérents éloignés selon la nature des activités et des saisons .
Les jours passaient ainsi dans la joie innocente d' une enfance qui ne se sentait pas misérable bien que les conditions de la majorité de leurs familles n' étaient point favorables.La pauvreté était une chose bien naturelle que nous avions apprivoisée et les adultes eux-même initiaient leur progéniture à la sagesse forcée d' accepter une vie peu souriante; tout en cherchant à se distinguer par des études brillantes qu' eux n' avaient pu faire et d' améliorer ,par la même voie, la situation familiale assez précaire.Nous avions aussi en commun d' être nés dans des familles nombreuses avec en outre beaucoup de mâles ;ce qui faisait que nos parents perdaient rapidement le contrôle et ne savaient plus de qui s' occuper en premier, nous laissant de ce fait ,par excès ou par défaut une bonne marge de liberté.
Nos parents étaient très exigeants concernant nos études et nous recevions bien des raclées de temps à autre lorsque l' un ou l' autre de nos maîtres d' école nous surprenaient au village sans panier justificatif en main.Nous étions obligés sous peine de tortures inimaginables,d' être le plus souvent possible présent en classe ,mais nous faisions l' école buissonnière de temps à autre .Ces soirées que nous volions passionnément au régime quasi carcéral de l' école étaient comme une victoire contre ces adultes qui nous mettaient derrière quatre mûrs pour se débarrasser de nous et pouvoir vaquer à leurs laborieuses tâches quotidiennes interminables.Le fait que nous étions nombreux dans la famille n' empêchait pas un contrôle assez rapproché de chacun d' entre nous.Khô avait la chance tout comme taknafoute d' être des fils uniques .Son père ancien sergent était très autoritaire et nous faisait peur même à nous qui n'étions point ses enfants. Il employait tous les moyens imaginables pour dissuader le petit kho de ses mauvaises habitudes et l' inciter à suivre le droit chemin ,mais ce dernier,qui allait bientôt hériter du grade de son père dans la bande était rétif à certains arguments .Dans ces cas la rudesse du caractère du militaire remontait en surface ,il se lassait vite des bonnes manières et Hitler tabassait le petit kho à mort devant lalla ,sa mère résignée après avoir vainement tenté d' intercéder en sa faveur .Le petit kho était choyé dans sa famille.Il avait déjà son petit vélo personnel ,lorsque le plus verni d' entre nous enfourchait la vieille bécane paternelle encore trop lourde .Néanmoins sa situation de garçon unique de sa famille ne pesait que peu dans la cafetière de son soldat de père .Les colères du Führer étaient terribles .Combien de fois le petit kho ne s'est -il confié à l' un ou l' autre de ses amis ,les suppliant de lui gratter les séquelles des blessures qui lui zébraient le dos, tracées par la boucle de la célèbre ceinture militaire vert-olive.Le confident n' attendait bien sûr que le moment où le petit kho était absent pour rapporter avec force détails la raclée subie par le jeune garçon,ce qui lui valait d' être à son tour la risée des fils de la rue qui se vengeaient ainsi collectivement de ses plaisanteries sarcastiques et de ses mauvais tours.
Lorsque le match de foot hebdomadaire était joué contre Âït tâwanine ils imposaient toujours de jouer sur leur propre terrain situé en pleine palmeraie verdoyante.C' était une aire de battage "anrar" en tamazight servant au séchage ,au battage des fruits et des graines de toutes sortes mais servait également ,hors saison,de terrain de foot .Nous avion le nôtre mais ils refusaient de s' y aventurer de peur d' être coupés de leur territoire par la tribu belliqueuse des mobiles.Ce n' était souvent qu'aprés maints conciliabules par les émissaires réciproques des deux équipes qu' on se mettait d' accord pour jouer sur un terrain neutre.Le seul espace convenable en pareille situation était "le dehors des dehors" expression amazigh locale pour désigner un terrain vague dans un no-mansland qui s' étendait derrière le lycée que nous allions tous fréquenter plus tard.Une étendue de champs asséchés et dont les pieds des footballeurs en herbe avaient transformé la terre ,autrefois dure en poussière que le vent nettoyait pour mettre à nu un sol plus dur encore, et sur lequel la moindre chute pouvait s' accompagner de traumatismes ou du moins de commotion plus ou moins graves.Pour ces jeunes que nous étions ,aguerris par le nombre de chutes à tel point que le jeu ne s' arrêtait que si la blessure était de l' ordre d' une fracture.Sinon le sang pouvait coule d' une narine ou d'un gros orteil;la terre ,cette poudre que soulevaient nos pas pouvait servir aussi de poudre hémostatique.Mais le ballon rond ,si grande que soit sa passion dans nos coeurs ,n'en était pas pour autant ni le seul ni le meilleur jeu que nous pratiquions.à chaque saison son jeu .nos distractions allaient varier suivant des lois économiques dont nous ignorions tout à l' époque,la marque des jouets, leurs couleurs distinctives avaient un secret que nous n' allions découvrir que bien plus tard avec les premiers cours de sémiotique.Pour l' instant nous nous contentions de nous amuser avant que l' âge adulte ne vienne nous coudre les lèvres et nous empêche d' ébaucher le moindre rictus.Nous suivions notre petit bonhomme de chemin tout tracé par l'eternel tisseur de destins dont la clémence se traduisait dans nos petites têtes innocentes par un nombre de billes plus grand que celui du voisin .Avec si possible un ou deux"pouces" en acier extraits des roulements à billes des motos et qui étaient plus chères .C'est qu'une bille en acier pouvait mettre fin à la partie du premier coup ;si la force de projection de la bille d' acier arrivait à casser la bille en verre de l' adversaire et la rendre irrémédiablement inutilisable ,mettant ainsi l'alter ego hors jeu. Nous entretenions des rapports très intimes avec notre "pouce" en acier dont la rotondité parfaite était vérifiée en le fixant en position de tir devant la catapulte formée par le pouce de la main replié ,maintenu en tension par l' index et rapproché de l' oeil directeur.
Comme une petite minorité d' entre nous le petit kho excellait au jeu de billes.Bien sûr il avait du dépenser presque à chaque fois tout son maigre argent de poche pour s' acheter des bille et apprendre à maîtriser ce jeu mais il en était récompensé ;jugeant que ses efforts avaient porté leurs fruits d' autant plus qu' il lui arrivait maintenant très rarement de perdre toutes ses billes;quitte à tricher pour éviter ce drame.il évitait de perdre pour ne pas être acculé à emprunter des billes de ses amis ou encore chercher des courses à faire à la maison pour pouvoir se payer quelques unes de ces magiques sphéroïdes qui semblaient ,par leur beauté cristalline ,provenir d' une autre planète.Des fois dans des moments de contemplation nous observions avec l' émerveillement enfantin ces petites boules multicolores séduits par cette aura qui les entourait à en faire de vraies boules de cristal dont on n' attendait que la sentence oracleuse...Les minuscules dessins en fleur qu' une main fabuleuse avait introduits ,on ne savait par quel enchantement dans ces billes attisaient notre curiosité et nous poussaient à les casser pour en percer le secret ,mais en vain.Une fois la bille brisée,plus de dessin ni de fleur ,une simple illusion d' optique.C' était pour nous des dessins magiques au seuil d'un monde fantastique que nous ne savions pas déchiffrer,ils ouvraient un monde hypnotique et chacun choisissait d' entre les différentes couleurs celles de ses rêves.
Chap3
Lorsque le match de foot hebdomadaire était joué contre Âït tâwanine ils imposaient toujours de jouer sur leur propre terrain situé en pleine palmeraie verdoyante.C' était une aire de battage "anrar" en tamazight servant au séchage ,au battage des fruits et des graines de toutes sortes mais servait également ,hors saison,de terrain de foot .Nous avion le nôtre mais ils refusaient de s' y aventurer de peur d' être coupés de leur territoire par la tribu belliqueuse des mobiles.Ce n' était souvent qu'aprés maints conciliabules par les émissaires réciproques des deux équipes qu' on se mettait d' accord pour jouer sur un terrain neutre.Le seul espace convenable en pareille situation était "le dehors des dehors" expression amazigh locale pour désigner un terrain vague dans un no-mansland qui s' étendait derrière le lycée que nous allions tous fréquenter plus tard.Une étendue de champs asséchés et dont les pieds des footballeurs en herbe avaient transformé la terre ,autrefois dure en poussière que le vent nettoyait pour mettre à nu un sol plus dur encore, et sur lequel la moindre chute pouvait s' accompagner de traumatismes ou du moins de commotion plus ou moins graves.Pour ces jeunes que nous étions ,aguerris par le nombre de chutes à tel point que le jeu ne s' arrêtait que si la blessure était de l' ordre d' une fracture.Sinon le sang pouvait coule d' une narine ou d'un gros orteil;la terre ,cette poudre que soulevaient nos pas pouvait servir aussi de poudre hémostatique.Mais le ballon rond ,si grande que soit sa passion dans nos coeurs ,n'en était pas pour autant ni le seul ni le meilleur jeu que nous pratiquions.à chaque saison son jeu .nos distractions allaient varier suivant des lois économiques dont nous ignorions tout à l' époque,la marque des jouets, leurs couleurs distinctives avaient un secret que nous n' allions découvrir que bien plus tard avec les premiers cours de sémiotique.Pour l' instant nous nous contentions de nous amuser avant que l' âge adulte ne vienne nous coudre les lèvres et nous empêche d' ébaucher le moindre rictus.Nous suivions notre petit bonhomme de chemin tout tracé par l'eternel tisseur de destins dont la clémence se traduisait dans nos petites têtes innocentes par un nombre de billes plus grand que celui du voisin .Avec si possible un ou deux"pouces" en acier extraits des roulements à billes des motos et qui étaient plus chères .C'est qu'une bille en acier pouvait mettre fin à la partie du premier coup ;si la force de projection de la bille d' acier arrivait à casser la bille en verre de l' adversaire et la rendre irrémédiablement inutilisable ,mettant ainsi l'alter ego hors jeu. Nous entretenions des rapports très intimes avec notre "pouce" en acier dont la rotondité parfaite était vérifiée en le fixant en position de tir devant la catapulte formée par le pouce de la main replié ,maintenu en tension par l' index et rapproché de l' oeil directeur.
Comme une petite minorité d' entre nous le petit kho excellait au jeu de billes.Bien sûr il avait du dépenser presque à chaque fois tout son maigre argent de poche pour s' acheter des bille et apprendre à maîtriser ce jeu mais il en était récompensé ;jugeant que ses efforts avaient porté leurs fruits d' autant plus qu' il lui arrivait maintenant très rarement de perdre toutes ses billes;quitte à tricher pour éviter ce drame.il évitait de perdre pour ne pas être acculé à emprunter des billes de ses amis ou encore chercher des courses à faire à la maison pour pouvoir se payer quelques unes de ces magiques sphéroïdes qui semblaient ,par leur beauté cristalline ,provenir d' une autre planète.Des fois dans des moments de contemplation nous observions avec l' émerveillement enfantin ces petites boules multicolores séduits par cette aura qui les entourait à en faire de vraies boules de cristal dont on n' attendait que la sentence oracleuse...Les minuscules dessins en fleur qu' une main fabuleuse avait introduits ,on ne savait par quel enchantement dans ces billes attisaient notre curiosité et nous poussaient à les casser pour en percer le secret ,mais en vain.Une fois la bille brisée,plus de dessin ni de fleur ,une simple illusion d' optique.C' était pour nous des dessins magiques au seuil d'un monde fantastique que nous ne savions pas déchiffrer,ils ouvraient un monde hypnotique et chacun choisissait d' entre les différentes couleurs celles de ses rêves.
Chap3
Quand ,éreinté par son errance et ayant harassé le carridge d'Hélios ,Phébus l'astre du jour se couchait dans les bras ensorceleurs de Morphée ;nos jeux continuaient sous les moins poétiques lampadaires des rues déjà éclairées à l'époque par la haute tension ;qu'on appelait laconiquement "Bin Louidane" en référence au barrage du même nom qui fournissait cette énergie providentielle. Pour éviter aussi de la confondre avec la lumière des groupes électrogènes.Sous les poteaux en ciment garnis de marches pour monter mais aussi de piquants pour nous en dissuader à hauteur de la tête de mort,nous continuions les jeux de billes mais en "mkhout" qui consistait à deviner le nombre de billes contenues dans la paume fermée de l'adversaire et les gagner totalement en cas de succès.La paire était désignée par le mot"tyug"et l'impair par le mot "froud";c'étaient des mots de notre langue et d'ailleurs les premières leçon nous avaient déjà mis la puce à l'oreille .Nous avions effectivement noté que les mots que nous apprenions à l'école n' avaient rien de commun avec la langue dans laquelle nous nous entretenions chez nous à la maison et dans la rue.Nous sentions bien cette différence flagrante entre la langue dans laquelle nos parents faisaient leurs prières et celle qu'ils employaient juste aprés pour nous insulter pour leur avoir plié le tapis avant le "salamou-alaykoum" final du rituel .Cependant nous étions loin de saisir la complexité de cette situation qui allait petit à petit s'appesantir jusqu'à devenir intolérable.Nous étions encore trop jeunes pour nous embarrasser de pareilles questions.Il est vrai que notre "igdi" n'avait nulle commune mesure avec le "kalboune" de la telawa mais cela nous dépassait.Nous étions plongés sans le savoir dans trois cultures différentes qui s' exprimaient en autant de langues.Déjà les noms des jeux que nous découvrîmes bien avant l'abécédaire nous emmenaient par leurs vibrations distinctive vers les bords d'un autre monde que nous ne faisions que deviner derrière ces prénoms différents de Léo et de Rémy que nous trouvions dans les manuels des cours préparatoires et notamment le célèbre "bien lire et comprendre" qui allait nous accompagner jusqu'à l'obtention du certificat des études primaires .Le jeu de bille était prolifique de mots français parfois déformés pour être conjugués dans la langue maternelle .Ainsi le mot "la raie",désignait le trait tracé à même le sol pour établir une priorité au jeu :le premier était celui qui s'en était approché le plus et ainsi de suite.Les mots "main haute" étaient prononcés "méhotte" désignaient la position privilégiée de pouvoir mettre une main sous l'autre lui servant de rampe de lancement de la bille,ce qui permet d'avoir un tir plongeant ,beaucoup plus efficace en terrain accidenté ,lorsque la bille de l'adversaire se trouve dans une crevasse.L'astuce consiste à crier "méhotte" (càd main haute)avant lui et peut-être même d'ajouter promptement "balyage",ce qui obligeait l'adversaire à vous permettre de ratisser la position de la bille convoitée ,parfois au talon de chaussure pour la rendre plus visible .
Au printemps c'était la chasse aux oiseaux qui emportait la majeure partie de notre temps.A l' approche de la saison nous devions préparer notre artillerie qui consistait en un solide lance-pierres fabriqué par des maîtres es la matière ,membres de notre bande.Plus tard nous apprîmes d'eux à exceller dans la conception de ces véritables armes de jet redoutables.Il fallait avant de commencer le travail se procurer la matière première qui consistait en des élastiques dont on se sert pour attacher des objets sur le porte-bagages des bicyclettes;il fallait aussi un morceau de cuir pour découper "tagwlimt" qui allait recevoir la pierre avant qu'elle ne soit lancée,en plus d'une branche d'olivier en forme d'Y pour fixer les élastiques et pouvoir projeter la pierre.Cela se préparait en plusieurs étapes dont la plus difficile est de se procurer les élastiques .Chacun devait alors se mettre à la recherche d'une bicyclette quelque part et en voler subrepticement l'objet convoité .Pour nous faciliter la tâche nous nous munissions d'une lame de rasoir avec laquelle nous coupions le noeud sur le porte-bagage et filions avec notre butin .Certains étaient passés pour des spécialistes dans ce genre de larcin .Ils commençaient par marquer la victime dont ils connaissent les habitudes à travers de précédentes observations .Ensuite ils s' approchaient du vélo et tout en s' asseyant dessus dénouent l'élastique et se l'attachent autour du corps sous les vêtements avant de disparaître .Le jour du souk hebdomadaire était une occasion en or à ne pas rater pour s'emparer du sien ,sinon il fallait se résoudre à en acheter, un moyennant d'autres objets ou de l'argent."Tagwlimt" était découpée souvent dans le tapis de prière en peau de mouton et les parents prieurs découvraient ainsi au petit matin une coupure singulière dans leur sejada.Quant au support en bois il fallait lui consacrer une bonne heure à chercher parmi les branches d'olivier celle qui avait les meilleures caractéristiques .Il fallait effectivement que "Tichoute" cette branche en Y se rapproche le plus parfaitement possible de cette lettre .La précision du tir en dépendait car la moindre inclinaison à droite comme à gauche faussait la mire et ratait l' oiseau qui pouvait en être alerté et détaler du premier coup.Une fois la bonne branche trouvée il fallait la couper soigneusement à la bonne taille et veiller aussi à lui laisser un bon manche bien solide .Ensuite il faut la laisser sécher au soleil durant une journée aprés avoir pris le soin d'en attacher les deux rameaux laissés encore trés longs afin qu'elle garde cette forme une fois durcie .Le lendemain on se réunissait à un endroit fixé .Cela pouvait être derrière la maison du caïd ou derrière le bain maure .Chacun s'occupait à fabriquer son propre lance-pierres .On se passait la lame de rasoir d'une main à l'autre et on se prêtait les filaments d' élastique pour fixer les bretelles.Pour cela des lanières sont découpées des vieilles chambres-à-air des bicyclettes qu'on allait mendier aux réparateurs de vélos .Une fois le dispositif monté chacun devait essayer le sien .Pour cela on plaçait des bouteilles de bière ramassées derrière l' hôtel les palmiers et l'on s' exerçait dessus.Les soirées de chasse pouvaient commencer .Nous tirions sur tout ce qui bougeait ,même les grenouilles qui avaient eu la poisse de se trouver la tête hors de l'eau se retrouvaient un laps de temps après sur le dos dans la position du lutteur de Sumo .Bihi ,un outsider qui refusait catégoriquement de faire partie de notre bande ,était un chasseur émérite au lance-pierres.timide, il ne pouvait supporter les taquineries des autres,alors il partait seul et ramenait souvent plus de tourterelles et de gibier que nous tous. Lorsque Bakkou,le seul à tisser avec lui des relations plus étendues lui demandait de l' accompagner dans ses randonnées Bihi refusait:
-Vous êtes trop bruyants pour attraper des tourterelles ,cet oiseau est tés méfiant et exige une approche à l'indienne.
-Ne crains rien je fermerai ma gueule ,je ne parlerai pas.
-C'est ce que tu m'as déjà dit la dernière fois mais tu t'es mis à rire trop bruyamment quand tu ratas le bords de la rivière et l'oiseau s'est envolé...Je préfère y aller seul!
Il s'en allait ainsi par la petite ruelle serpentant entre sa propre maison et le bain des aït ka ,déjà les épaules courbées pour le cas où quelque rouge gorge se trouverait dans le figuier dont les bras dépassaient le mur du bain.Bakkou n'était pas mauvais chasseur non plus mais il avait le défaut de rire pour des riens c'est pourquoi chacun évitait ce compagnon bruyant dans des situations où le silence était de rigueur.C'était la seconde arme par laquelle on pouvait tromper le gibier qui était à l'affut du moindre mouvement pour changer de palmier. (à suivre)
-Vous êtes trop bruyants pour attraper des tourterelles ,cet oiseau est tés méfiant et exige une approche à l'indienne.
-Ne crains rien je fermerai ma gueule ,je ne parlerai pas.
-C'est ce que tu m'as déjà dit la dernière fois mais tu t'es mis à rire trop bruyamment quand tu ratas le bords de la rivière et l'oiseau s'est envolé...Je préfère y aller seul!
Il s'en allait ainsi par la petite ruelle serpentant entre sa propre maison et le bain des aït ka ,déjà les épaules courbées pour le cas où quelque rouge gorge se trouverait dans le figuier dont les bras dépassaient le mur du bain.Bakkou n'était pas mauvais chasseur non plus mais il avait le défaut de rire pour des riens c'est pourquoi chacun évitait ce compagnon bruyant dans des situations où le silence était de rigueur.C'était la seconde arme par laquelle on pouvait tromper le gibier qui était à l'affut du moindre mouvement pour changer de palmier. (à suivre)
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