Les désabusés de l'ère nouvelle !

Jeudi 4/2/2010,devant le parlement à Rabat ,on avait l'impression de suivre une pièce théâtrale de Camus .Des dizaines de jeunes bien organisés ,habillés de brassards de couleurs différentes selon leur secteur ,criant ,levant les bras dans des gestes rythmés
,répétés avec une ferveur inextinguible depuis des mois déjà.Tout ces jeunes,qui n'ont plus vingt ans depuis longtemps , sont venus réclamer le droit au travail qu'on leur disait être garanti ,après des études auxquelles ils ont sacrifié toute leur jeunesse.Et les voilà devant la plus haute instance représentative du pays en train de crier, à gorge déployée, leur désespoir .

Mais ce qui est désespérant dans ce genre de manifestation c'est que les passants se comportent avec une désinvolture massacrante .chaque passant qui voit ces jeunes crier se rappelle sa petite personne et son petit confort égoïste ,se disant que lui au moins n'a pas eu à passer par là et peut-être ses enfants non plus .Alors à chaque rendez-vous la même représentation tragique se reproduit et fait partie d'un rituel devenu indispensable pour faire effet de miroir aux alouettes .

Il est certain qu'avec les crises perpétuelles, le citoyen ne peut plus compter sur l'État providence ,c'est là un rêve qu'aucun pays ne peut plus se permettre ,mais n'empêche que le degré de prise en charge est nettement inférieur dans les pays pauvres .La démographie galopante et l'absence de gisements pétrolifères ,du moins jusqu'à preuve irréfutable du contraire ,en plus de la fluctuation des marchés des produits commercialisés par le pays,ajouté encore à une mauvaise gestion flagrante de la chose publique ,tous ces facteurs font que finalement une économie parallèle a pris la place des activités pouvant drainer des rentrées substantielles .Une partie s'enrichit hors des circuits légaux alors que l'escarcelle de l'État crie famine .Ces jeunes qui crient aujourd'hui ,auront ,pour certains ,vieilli avant de voir leur vœu se réaliser .Tandis que d'autres ne se sont même pas donné la peine d'étudier, ou si peu , gèrent malgré tout des services clé dans différents secteurs.