Escapade champêtre.
Les branches des arbres projetaient sur le sol une ombre reposante qui
invitait à la détente,les champs de luzerne parfumés de cette odeur
caractèristique de chlorophyle embaumaient l'air torride et le rendaient plus
difficile à respirer.Dans targwa takhatart (rivière principale) qui serpentait
le long de l'oasis coulait une eau limpide entraînant sans les arracher les
filaments verts couleur de henné des algues.Sur la branche pliée en arc d'un
long palmier roucoulait une tourterelle couleur de cendre.Elle avait perçu le
bruit de mes pas et se dandinait sur ses jolies pattes prête à prendre son
envol,mais elle fût sans doute rassurée par la cadence de ma marche car elle
se remit à chanter lentement d'abord puis avec une plus grande conviction.Ce
chant harmonieux dans ce silence de midi en pleine palmeraie avait quelque
chose de magique qui me retient de partir.J'aurais aimé rester sous cet
arbre et y passer la journée mais je risquais fort de déranger cette
sérénité par ma présence,je croyais que si je m'attardais dans ce lieu je
risquais de contaminer sa faune par ma tristesse.Je jetai un coup d'oeil
derrière moi en levant les yeux vers la colombe et je remarquai que sa place
était vide,la pauvre! Elle n'a pas pu supporter longtemps de me voir envahir
son espace de vital ,elle est allée dans doute chercher le calme ailleur.En
effet un léger battement d'aile m'indiqua qu'elle s'était posée non loin,peu
être ne voulait elle pas abandonner le premier arbre à cause de son nid.Je
continuai donc ma marche sur la piste creusée par les roues des vélomoteurs
et des sabots des ânes,et de temps à autre je sautais pour cueuillir une
figue mûre à point,que je m'empressais de dépecer et d'avaler de peur de
voir surgir quelqu'un qui demanderait de partager ce délice.Les figuiers ne
sont pas rares,au contraire cette vallée en contient un nombre
incalculable,mais comme ces fruits savoureux,ne sont pas toujours à portée
de main,il est parfois dangereux de se hasarder sur les branches
fragiles,alors on préfére demander à quelqu'un d'autre cueuillir les fruits
pendant que le plus craintif ramassait les fruits au sol.Evidemment chacun y
trouvait son compte,et si l'agile acrobate préférait déguster tout seul les
meilleurs fruits,le ramasseur quant à lui avalait celles que l'autre lui jetait
pour les garder,si bien qu'à la fin lors du partage il ne resait bien souvent
que ces durs ihouzzan ,ces figues encore vertes qui provoquent des
démangeaisons sur la peau et la langue.
Ce qui retenait dans ce paysage c'était cette quiètude,ce relâchement
spontané des éléments de la nature qui se transmet à la personne
humaine,une nature génèreuse qui s'offre rien que pour que l'homme se sente
dans son élèment,c'etait comme si les rares oiseaux gazouillaient rien que
pour le plaisir de l'oreille,et de temps à autre en arrivant devant un champs
irrigué,l'odeur de la glèbe mouillée parfumait cet Eden et me délassait d'une
dûre journée de labeur.
Aziz Boufous 1994 Goulmima
invitait à la détente,les champs de luzerne parfumés de cette odeur
caractèristique de chlorophyle embaumaient l'air torride et le rendaient plus
difficile à respirer.Dans targwa takhatart (rivière principale) qui serpentait
le long de l'oasis coulait une eau limpide entraînant sans les arracher les
filaments verts couleur de henné des algues.Sur la branche pliée en arc d'un
long palmier roucoulait une tourterelle couleur de cendre.Elle avait perçu le
bruit de mes pas et se dandinait sur ses jolies pattes prête à prendre son
envol,mais elle fût sans doute rassurée par la cadence de ma marche car elle
se remit à chanter lentement d'abord puis avec une plus grande conviction.Ce
chant harmonieux dans ce silence de midi en pleine palmeraie avait quelque
chose de magique qui me retient de partir.J'aurais aimé rester sous cet
arbre et y passer la journée mais je risquais fort de déranger cette
sérénité par ma présence,je croyais que si je m'attardais dans ce lieu je
risquais de contaminer sa faune par ma tristesse.Je jetai un coup d'oeil
derrière moi en levant les yeux vers la colombe et je remarquai que sa place
était vide,la pauvre! Elle n'a pas pu supporter longtemps de me voir envahir
son espace de vital ,elle est allée dans doute chercher le calme ailleur.En
effet un léger battement d'aile m'indiqua qu'elle s'était posée non loin,peu
être ne voulait elle pas abandonner le premier arbre à cause de son nid.Je
continuai donc ma marche sur la piste creusée par les roues des vélomoteurs
et des sabots des ânes,et de temps à autre je sautais pour cueuillir une
figue mûre à point,que je m'empressais de dépecer et d'avaler de peur de
voir surgir quelqu'un qui demanderait de partager ce délice.Les figuiers ne
sont pas rares,au contraire cette vallée en contient un nombre
incalculable,mais comme ces fruits savoureux,ne sont pas toujours à portée
de main,il est parfois dangereux de se hasarder sur les branches
fragiles,alors on préfére demander à quelqu'un d'autre cueuillir les fruits
pendant que le plus craintif ramassait les fruits au sol.Evidemment chacun y
trouvait son compte,et si l'agile acrobate préférait déguster tout seul les
meilleurs fruits,le ramasseur quant à lui avalait celles que l'autre lui jetait
pour les garder,si bien qu'à la fin lors du partage il ne resait bien souvent
que ces durs ihouzzan ,ces figues encore vertes qui provoquent des
démangeaisons sur la peau et la langue.
Ce qui retenait dans ce paysage c'était cette quiètude,ce relâchement
spontané des éléments de la nature qui se transmet à la personne
humaine,une nature génèreuse qui s'offre rien que pour que l'homme se sente
dans son élèment,c'etait comme si les rares oiseaux gazouillaient rien que
pour le plaisir de l'oreille,et de temps à autre en arrivant devant un champs
irrigué,l'odeur de la glèbe mouillée parfumait cet Eden et me délassait d'une
dûre journée de labeur.
Aziz Boufous 1994 Goulmima
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