Pourquoi donc bêle le mouton?

La fièvre du mouton s'est emparée du marocain ,comme de tous ses frères ,cousins et ennemis dans la même confession au sein de l'empire du mouton rêvant.Les riches qui en mangent très souvent plient bagages et vont se la couler douce sous d'autres tropiques où ils ne veulent entendre ni bêlement ovin ni moins encore caprin.Ils vont prolonger leurs vacances jusqu'à ce que ces arriérés,ces nervis "qui n'ont jamais vu la viande" aient calmé dans le sang leurs sanguinaires transes.Quant aux pauvres,les yeux hagards ,ils ne savent à quel couteau de banquier offrir leurs gorges crasseuses pour qu'il en coupe les carotides ,doucement à la pince à épiler. Avec une voracité de piranha;après les avoir honteusement démis de tout et rendus anatomiquement fidèles à une expression où il est question de poil.C'est à croire que les bourgeois fuient de plus en plus les rues de la ville,de crainte d'essuyer un coup de couperet "quatorza" bien ajusté d'une main jalouse.On ne sait jamais !Vaut mieux renoncer au beefsteak que de se retrouver soufflé à sa place.Les explosions deviennent aussi courantes que l'eau et l'électricité."Celui qui a peur demeure indemne" ,comme dit bien le proverbe ,laissons donc ces barbares se calmer en passant leurs envies assassines sur ces pauvres créatures innocentes que représente la gent qui bêle,nous reviendrons après la fête!

Ne faudrait-il voir en telle situation que l'action d'égorger le mouton représente un rituel de régulation de l'instinct sauvage de l'Homme.C'est comme un frein nécessaire à la soif de sang du cannibale qui se compense par l'assassinat de la bête pour que l'espèce humaine ne soit pas décimée dans des actes d'immolation collective.C'est La barrière du symbolique qui empêche la réalisation d'un tabou ,à savoir le meurtre rituel d'un individu de la même espèce.Samuel allait être occis de la main de son propre père Abraham.Que n'auraient donc fait des êtres humains que n'unirait aucun lien de "sang!" ,pire encore;que désunissent toutes les bassesses ,se nourrissant réciproquement une redoutable haine vengeresse? Le mouton bêle à se tordre les cordes vocales à défaut de tordre celles qui le lient au moment du crime.Il crie de toutes ses forces qu'il n'accepte point d'être le bouc et qu'il n'a rien d'un envoyé divin ,que sa corpulence ,en raison de la crise, n'égalait en rien celle de son paradisiaque ancêtre cornu et graisseux que sacrifia ;sans l'avoir payé, le patriarche des humains,mais rien n'y fut.

Il s'égosilla à crier que les ovins sont d'une espèce catégoriquement différente de celle des caprins,entra dans des considérations physiologiques,à défaut des anatomiques;il n'en trouva comme preuve que la queue plus longue dans les deux sens et ses cornes horizontales .Mais personne ne voulut lui prêter l'oreille ni lui accorder un quelconque crédit,lui dont la tête qu'on s'empressait de couper, rappelait justement le crédit usurier qu'avait contracté son futur assassin.cet homme dont les démons de la revanche ne s'éclipseront que lorsqu'il aura senti l'odeur de grillade de cette tête ovine qui ,seule ,a toujours compté dans les transactions qui se déroulent souvent au dessus de sa tête. l'entendre ?Personne ne veut l'entendre ,car leurs yeux ont soif de voir le rouge du sang,son propre sang couler sur la terre humide au lieu du leur.Personne et surtout pas le maître de maison qui va l'égorger par procuration.Il veut ainsi en vain éloigner de lui les remords du trépas du pauvre animal et pour ne point sentir quelque regret il donne au rituel un voile sacré en invoquant Dieu et ses saints.La pauvre bête n'en croit pas ses yeux qu'elle exorbite de frayeur devant la longueur de la lame perfide qu'on aiguise sous ses yeux par comble de sadisme.

Il voudrait tant parler comme eux,crier à la trahison,défoncer ces abdomens goinfres qui se délectent prématurément du goût salé de son foi "trahi" sur les braises d'un Kanoun frappé de l'effigie d'un boucher barbu; tenant son Kalachnikov/cimeterre de façon ostentatoire.Hélas le pauvre quadrupède n'a plus qu'à se résigner devant l'unanimité de la décision de l'immoler à la place d'un homme. Il se dit dans sa tête ovine et ovale qu'il méritait bien ce sort ,lui qui s'est laissé apprivoiser par ces primitifs sauvages qui l'ont alourdi de graisse pour l'empêcher de suivre les escarpées sentes montagneuses;oui il le méritait ,son sort;lui qui avait cru que c'était par bonté de cœur que le père de ces enfants, qui le regardent de leurs petit yeux d'apprentis criminels, l'avait ramené chez lui,logé prés des enfants dont il entendait si souvent le ronflement et le dégonflement nocturnes.

Il avait fini par s'habituer à eux et voilà qu'un beau matin ,selon un calendrier auquel il ne comprenait rien et qu'il n'avait nullement voté,voilà donc qu'on lui frappe les pattes et qu'on le terrasse en une minute ,lui qui se sentait si invincible sur ses pattes et derrière ses redoutables cornes qu'il croyait à toute épreuve.On l'a trahi et de surcroît on allait le tuer aprés l'avoir fait traîtreusement choir , dans l'illégalité sans qu'aucun arbitre dans l'immense empire du mouton rêvant ne siffle le moindre coup-franc! Le géant barbu s'approche avec dans les yeux une étincelle de folie camouflée en sagesse vertueuse et lui tranche l'aorte pour que le monde se porte mieux qu'auparavant... L'obéissance dans toutes ses formes n'est vraiment bien observée que dans le plaisir du ventre."Qu'il est abject cet épicurien de fils d'Adam ! l'espèce humaine est pire que les hyènes!" se dit le paisible herbivore dans un dernier éclair de conscience avant que sa gorge ne soit tendue à craquer par la botte humiliante du boûcher et puis ce fut l'éclair du néant...