Moi l'interne du lycée Ghriss* !



Combien mon Dieu de jours ,cousus de souffrance amère
de grâce me restent interne, avant ta clémente délivrance.
Combien de nuits si ternes,gelant sous millier d'ampères,
devrais-je odieux subir, n'est-ce point l'éternelle pénitence ?


Moi l 'interne venu de loin ,fidèle convive des dortoirs,
passant mes nuits de craie,dans cette quête du savoir
nourri au gramme d'une main radine,maigri du vide réfectoire
servi très tôt à l'écuelle ,rêvant souvent de pain le soir !


La nuit très tard où gèle Décembre, quand les natifs de bonnes étoiles,
dans les chauds bras de Morphée ,embarquent et hissent les voiles,
j'entends souvent claquer mes dents ,transi sous la modeste toile,
de fil de chanvre tissée de crasse,servant à notre misère de voile.

Sans haine j'envie mes congénères,encore bordés des douces mères
dormant chez eux et mieux nourris ,sinon du moins plus couverts,
si frais dispos et fort joyeux,d'avoir d'un somme joui la veille,
quand moi qu'on somme de lire Voltaire , je baille encore à mes corneilles !

Qu'ai je donc fait, bon Dieu du ciel,pour hériter d'un tel calvaire,
de cette misère au goût de fiel, et m'abreuver et faire réserve ,
de quelle donc mauvaise fortune ,subis-je ,si tôt ,les durs revers
pour le restant de mon séjour,pourvu du moins que je me conserve!

Que serait la science dit-on encore,depuis l'âge des écritures
sans nous les fils des pauvres ,vivant en mille nos déchirures
nul sens n'ont guère ces mots,ni crédit n'ont ces sentences,
rendant caduques nos souffrances ,puis des riches leur insouciance.

Les mieux nourris des cerveaux, sont de loin les meilleurs;
gavés de riches protéines ,synapses ouverts à bon régime.
que peut céans ma grise matière ,mourant et carente en enzymes ?
n'est ce pas in fine de guerre lasse,que je défie tous les railleurs?

J'en viens donc à jurer ,devant ce dilemme qui se pose,
que Pythagore n'est nulle chose,face à mes longues nuits de glace;
Quand L'internat que j'abhorre ,l'asile maudit qui m' indispose;
de Marx Karl est juste preuve, démo tangible d'une lutte des classes !

C'est à dessein que ses architectes,dans leurs vastes bureaux à clim,
cogitent pour le pouvoir, d'une hideuse pieuvre ayant la forme;
et veillent des nuits à planifier,importent imposent nouvelle réforme;
pour que moi jeune,fils de la plèbe ;ne sois jamais de leurs intimes !

Dieu reconnaîtra les chiens,disons, parodiant la sainte Bible,
Certains que canin calcul, n'est point qu'avant si infaillible.
Des ongles je me tiens tenace ,aux dures chaînes qui me lacèrent,
me hissant seul malgré tout , fidèle aux vœux chers à mon père.

* Lycée Med V actuellement.
 Aziz
Lundi,8 Décembre 2008
Goulmima

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