Conférence/débat de Tilelli , du 25 juin 2011. "La place de l’amazighité dans la constitution"

 Au début M.Nbarek Taws a Présenté les remerciements de  l’association Tilelli.Ensuite il expliqua que cet exposé vient dans les conditions du mouvement que connait la scène politique marocaine et internationale actuellement et la réforme de la constitution. "Nous, en tant qu'association, ne pouvons pas rester muets et ne pas donner notre avis concernant le mouvement actuel .Nous avons participé aux manifestations locales ,de même que nous  avons  participé dans le cadre du mouvement amazigh dans l’élaboration de visions communes.Après cette présentation succincte du sujet de l'exposé ,M.Taous a donné la parole au conférencier M.Berhouchi Mustapha .

M.Berhouchi :

C’est l’anniversaire de l’assassinat de Maatoub lounes, un hommage aussi à nos prisonniers Ouadoch et Oussaya, à tous les blessés lors des récents évènements des facultés.Je parlerai de la constitution de 2011, comme un projet complet,c'est à dire que je ne vais pas la segmenter et parler uniquement de l'amazighité.Pour comprendre la constitution actuelle nous devons d’abord connaître l’historique de la vie constitutionnelle du pays .Il existe certains concepts selon lesquels nous pouvons juger une constitution quelconque.

1/La souveraineté

2La démocratie

3/La séparation du particulier et du général.

En analysant ces données, nous pourrions juger .Qui gouverne, au nom de quoi et quand ?

Le référentiel politique marocain est  musulman .Ensuite vient le référentiel occidental. Ce mélange ne peut pas être démocratique.

Il y a un concept essentiel, celui de la souveraineté .Celui qui la possède a le pouvoir absolu. Il y a des théories pour l’expliquer, comme Celle de la légitimation religieuse, le pouvoir ayant pour source Dieu qui le concède au prophète ou au Khalifa. Dans ce cas la souveraineté appartient à la Oumma, entité dans laquelle seules quelques élites gouvernent. Puis il y a la souveraineté du peuple, celui-ci ne pouvant l’exercer, se fait représenter par un parlement.Dans la constitution actuelle il n’y a pas de souveraineté du peuple stipulée clairement .Il faut faire un retour sur toutes les constitutions passées qui se ressemblent .Celle de 62 est venue assurer le principe de l’Etat. 

Depuis le départ de la France, les grandes décisions ont été prises concernant la forme de l’état .Après des problèmes ou des évènements importants on changeait la constitution, mis les grands choix sont restés les mêmes depuis Med V. La question posée était de rassembler à la fois la démocratie et la tradition musulmane .Ainsi a-t-on cherché à concilier l’originalité et le modernisme .Med V a tranché en choisissant que ce soit la modernité qui soit au service de la religion .Hassan II n’a fait qu’entériner ces grands choix. Il détenait son pouvoir de Dieu.

Quand nous posons la question de la constitution. Nous devons nous poser la question : qui vient en premier, le roi ou la constitution ?

Qui  a le droit de faire une constitution ? Pour la monarchie marocaine c’est elle qui  possède  le droit exclusif d’élaborer une constitution .La monarchie ne peut admettre que ce soit fait par une assemblée constituante,  parce que dans ce cas la souveraineté appartiendrait au peuple, or ces deux souverainetés ,antagonistes de nature, ne peuvent aller ensemble.

Concernant la constitution actuelle El Manouni a été nommé, donc il ne peut faire une constitution démocratique. La procédure de réforme au Maroc est très complexe et rend impossible que le peuple demande une réforme .Est-ce que nous pouvons appeler la constitution du Maroc comme telle ?  « Elle  n’institue pas les pouvoir, elle ne constitue pas les pouvoirs, elle  constate seulement le pouvoir », la constitution est là pour consacrer ce qui existe déjà, elle n’institue pas d’autres pouvoirs .La monarchie a devancé la constitution et celle-ci ne peut faire que la constater.

Il existe deux formes d’Etat :

Celui des institutions.

Celui des personnes (c’est la personne qui est l’Etat)

C’est ce dernier type que ns avons au Maroc.

Ns ne pouvons pas séparer Tamazight de tous les autres principes.

Est-ce qu’il y a séparation des pouvoirs ? Non !

Hassan :  « Si séparation il y a ,elle devrait être dans un état inférieur »et dans un autre discours il aurait dit aux parlementaires qu’ils ont des responsabilités et non des pouvoirs .

Est-ce qu’il y a une concurrence sur le pouvoir au Maroc ? Non, parce que les partis ne se battent pas pour des pouvoirs mais pour des postes de responsabilité, car il n’y a pas de séparation de pouvoirs.

Nous avons un Etat jacobin, unitaire, qui rassemble tous les pouvoirs .Même la régionalisation ne pourrait se faire sans parlements régionaux.

La constitution Actuelle stipule que l’amazigh est officiel .la réclamation du mouvement amazigh c’est tamazight dans une constitution démocratique .Quelle est d’abord l’identité de ce pays, est-ce un pays amazigh ou non ? , ce n’est pas un pays avec des régions mazighs, c’est le grand Tamazgha. La constitution n’a pas répondu à la question de l’identité.

Parlant de celle-ci il y a trois théories :

1/celle des strates : l’amazigh n’est qu’une strate culturelle, parmi d’autres.

2 / Celle de l’écosystème / Il y a plusieurs formations, arabes, musulmans .Cela n’est pas vrai car l’islam n’est pas une dimension culturelle

3 / Le creuset : plusieurs civilisations se sont fondues dans l’amazigh (romains, Byzantins,Carthaginois, vandales, etc.), c’est pourquoi la langue amazigh persiste. Elle a le pouvoir de fondre et de diluer les autres cultures.

Cette constitution est un acquis,  mais il ne changera pas la nature des pouvoirs .La preuve c’est que le pouvoir sait désamorcer les crises, et que nous avions eu 5 constitutions avant, le pouvoir sait prévoir à cause de cette  pluralité politique formelle instaurée.