Qui oserait dire au lion…qu’il a l’haleine fétide ?*
Pour avoir une idée du niveau atteint non plus par les élèves,dont on sait la chute catastrophique,mais celui des enseignants de ces élèves,c’est à dire des adultes ,censés être majeurs affectivement et œuvrer pour le développement de l’enseignement du pays.
Deux profs d’un lycée marocain se sont rencontrés dans la rue .La première question que posa le premier au second était le nombre d’heures qui lui était assigné ,par semaine,dans son tableau de service.
-Combien d’heures tu as cette année ?
-J’en ai vingt comme tout le monde je crois!
-Non il y a un tableau avec 18 heures,il a été donné au coordinateur,même s’il ne fait aucune coordination.
-Tu oublies qu’il est parfois obligé d’assister à des réunions.
-Une fois par an et puis qu’est ce qu’ils peuvent bien se dire dans ces réunions,du baratin!Moi j’ai juré de ne jamais adhérer à aucune association ,ni de représenter qui que ce soit.Mais dis moi quels niveaux tu as?
-J’ai des deuxièmes lettres.
-Mais c’est ce que je leur avais demandé et ils m’ont donné des tronc-communs,c’est pas juste ! Tu ne voudrais pas échanger ton tableau contre le mien?
-Mais pourquoi tiens-tu donc tant à avoir des deuxièmes?C’est parce qu’ils ne commencent l’année que tardivement et s’enfuient dés la fin Avril c’est ça?
-Oui tout à fait !
Alors moi aussi !Et je vais garder le mien!
Voilà donc une discussion “intéressante” entre deux fonctionnaires de l’éducation nationale qui vont appliquer les directives du ministre de l’éducation et son plan d’urgence .Au lieu de discuter d’un nouveau roman,de la rentrée culturelle en France notamment dont ils enseignent la langue et donc aussi de facto la culture ,les voilà occupés à discourir sur la possibilité d’avoir le minimum d’heures possible,avec les élèves les plus rébarbatifs à l’apprentissage et qui vont profiter de la moindre occasion pour prendre la poudre d’escampette et laisser le prof libre d’aller siroter son thé paisiblement dans le café voisin en attendant d’autres élèves .
Le problème est donc qu’il ne suffit pas souvent de passer un concours d’accès à l’enseignement pour être certain de pouvoir servir pour le poste.La règle la plus courante est que chacun cherche à passer le moins de temps possible en classe.Je ne parle pas de certains dans les écoles primaires qui ne font que rentrer leurs petits enfants , avant de resortir cinq minutes après et se retrouver dans un café autour d’une bonne théière,ou encore au souk,voire même au bain maure des fois.Le manque de sévérité donne naissance à l’instauration d’habitudes répréhensibles pour l’apprentissage.C’est vrai que les écoles sont mal équipées,que 80%des écoles du monde rural manquent d’eau potable et donc de toilettes et qu’un besoin urgent peut éloigner le prof de sa classe ,je ne parle pas des professeures qui doivent se débrouiller de manière plus pénible ;mais il faut dire que même dans les écoles mieux nanties du primaire beaucoup d’enseignants passent une grande partie de leur temps dans la cour,surtout après la récréation du soir ,à deviser de petits riens,souvent de leurs échelles comme des peintres.Ceci est impossible dans le collégial ou le lycée où l’on doit rejoindre sa classe dans les minutes qui suivent la sonnerie.Mais là aussi il ne faut pas croire que la simple présence d’un enseignant en classe est synonyme de travail et donc de rendement ,ce qui n’est pas toujours vrai.Certains passent une bonne partie de l’heure à parler de choses tout à fait extérieures ,de leurs voyages,ou racontent carrément des blagues.Une fois ou deux c’est bon pour décontracter son auditoire ,mais en faire le seul contenu de son cours durant plusieurs séances est une aberration.A moins que les élèves ne soient appelés à la fin de l’année à passer leur examen en animation théâtrale.Encore que si c'étaient des élèves d'art dramatique on leur parlerait alors de grammaire latine.Donc il y a du temps qui se perd effectivement mais le fait de forcer l’enseignant à rester dans sa classe ne suffit pas à en faire un bon enseignant.Tout devrait être formé depuis les stages de formation,dont on veut actuellement faire l’économie,comme si n’importe qui pouvait devenir enseignant du jour au lendemain.Ainsi alors qu’on décriait l’insuffisance de formation des enseignants existants ,même s’ils sont passés par les ENS ,voilà qu’on nous envoie du renfort non qualifié sous forme de tailleurs expérimentés,de coiffeurs chevronnés,voire de pâtissiers émérites pour enseigner sous prétexte qu’ils ont une licence ou même un doctorat.Comme si ce métier s’apprenait sur le tas sans besoin de leçons de didactique ,”ni eux ne s’attristent”(trad) !Attitude contradictoire que celle de ces gens qui veulent d’un côté ,comme ils le déclarent assurer un enseignement de qualité ,et d’un autre côté qui poussent sous le drapeau de Jules Ferry des personnes qui ont fait carrière ailleurs.Les résultats ne tarderont pas à se laisse voir.Mais peut être les planificateurs de cette stratégie géniale comptent sur la déchéance totale du système pour cacher les imperfections de leurs missionnaires .
Nous avons besoin d’une approche qui prend ce problème dans sa globalité et ses branchements socio-psychologiques,et économiques et non seulement en faire une affaire de classe à bâtir ou de téléviseurs plasma dans les classes ou de PC partout.Non ,rien de tout cela ne fera avancer ce domaine quoi qu’il lui soit indispensable mais pas vital.Ce qu’il faudrait c’est s’occuper sérieusement des problèmes qui poussent les enseignants à chercher d’autres sources de revenus hors de leur horaire hebdomadaire;honorer cet enseignant pour qu’il sente que quelqu’un pense à ses enfants lorsque lui il est occupé avec ceux des autres.Encourager l’accès des enseignants à l’université pour parachever leur propre formation .Donner l’exemple du rendement du travail et de l’effort dans tous les secteurs de la vie pour que les élèves désirent évoluer dans un tel milieu au lieu de les dégouter de tout depuis la naissance et leur demander ensuite d’être de bons élèves.C’est tout un projet de société à remettre en question si et tant bien qu’il y en ait jamais eu un.Le construire en tournant le dos à toutes les démagogies étrangères et à leurs porte-parole intérieurs qui ne font que servir des échéanciers étrangers .Cela présuppose l’autonomie décisionnelle sans laquelle rien de tout cela ne pourrait se faire.Si celle-ci n’existe pas ou bien est conditionnée,alors recouvrons de son sépulcre le cadavre nauséabond de notre enseignement ,remettons la dalle,lisons la “fatiha” et encensons de benjoin les alentours du sarcophage et les moindres recoins du marabout ,pour que les observateurs continuent de croire qu’il est toujours vivant et continuent à nous payer les frais d’entretien du mausolée quand bien même l'âme l'aurait abandonné depuis des années!…
* Proverbe Amazigh.
Commentaires
et continue
Azaoui Hamza de 2année de baccalurat lettre 2